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Publié le 12 octobre 2020 , mis à jour le 1 février 2023
Des cantines bio et locales approvisionnées en circuits courts par une ferme municipale ? En Île-de-France ?
Belle utopie me direz-vous, peut-être dans ce « monde d’après » qu’on appelle de nos vœux… Et si je vous disais qu’une telle ferme est en train de se réaliser, à 80 km de Paris, à Varennes-sur-Seine en Seine-et-Marne ?
Voici le récit d’un compagnonnage expérimental et efficace qui a permis à ce projet prometteur de voir le jour.
Remontons à la genèse : en 2017, le projet « Ma cantine en Amap » est lancé : une expérimentation menée avec la commune de Moret-Loing-et-Orvanne (Seine-et-Marne) pour approvisionner les cantines avec des partenariats paysans-école. Enjeu de taille : transposer la Charte des Amap à la restauration collective ! Au-delà d’assurer un approvisionnement local et bio, l’accompagnement a porté sur la mise en œuvre d’un projet pédagogique dédié à l’alimentation au sein de l’école.
L’implication de l’ensemble des acteurs investis dans la production, fabrication et consommation des repas (équipes de cuisine, équipe éducative, animateur·rice·s de cantine, parents, amapien·ne·s du territoire, paysan·ne·s et élu·e·s) a permis de mener collectivement l’expérimentation. Un comité de pilotage regroupant les représentants de chacune des parties prenantes a été créé pour mettre en œuvre un travail de concertation et de co-décision.
Le projet a bénéficié du soutien du programme Leader 77 qui, fort de cette première expérimentation concluante, décide d’appuyer un nouveau projet en lançant en 2018 un appel à manifestation d’intérêt. La candidature de Varennes-sur-Seine est retenue : un nouvel accompagnement commence avec le Réseau des Amaps Île-de-France. L’enjeu est de redonner la main à l’équipe de cuisine et à la mairie sur l’approvisionnement de la cuisine centrale (350 couverts) et la fabrication des menus jusqu’ici délégués à un prestataire. Les premiers produits bio et locaux sont livrés par le maraîcher, l’arboriculteur et l’éleveuse ovine locaux et l’équipe de cuisine bénéficie d’une formation du GAB (Groupement des agriculteurs biologiques) pour remettre à l’honneur produits bruts et de saison dans les assiettes : fabrication des menus, méthodes de cuisson, introduction des protéines végétales…
Mais le projet ne s’arrête pas là ! Après de nombreux échanges avec l’équipe municipale, l’idée émerge fin 2018 de trouver du foncier disponible sur la commune pour permettre une installation agricole dont une partie des cultures serait destinée à la cuisine centrale.
Avec l’accompagnement de Terre de Liens Île-de-France, un diagnostic foncier permet d’identifier les parcelles les plus adaptées au projet.
7 ha à la lisière de la ville sont repérés et un dialogue avec le céréalier les exploitant est noué. Une procédure d’indemnisation est lancée auprès du fermier, favorable au projet, et la mairie récupère les parcelles au printemps 2019.
Une longue phase de travail d’expertise commence aux côtés des élus et agents de collectivités référents sur le projet : diagnostic de sol, étude technico-économique pour chiffrer les besoins de la cuisine centrale, étude de faisabilité d’un forage, préfiguration de l’implantation des bâtis, recherche de financements. À l’issue de cette étape, la mairie décide d’investir dans le bâti agricole, le forage, les clôtures et la construction d’un logement pour les futur(e)s maraîcher(e)s.
Un appel à candidature est lancé en mai 2020 pour trouver les futurs maraîchers dont le profil, les compétences et l’expérience seraient les plus en adéquation avec le cahier des charges établi pour la réalisation du projet : mise en culture de légumes bio avec possibilité de diversification (fruits, élevage avicole, apiculture…) pour partie destinés à la cuisine centrale, une ouverture de la ferme aux habitants de la commune, une petite parcelle destinée au public scolaire pour la mise en œuvre d’un projet pédagogique en lien avec les écoles, collège et lycée de la ville.
Après étude des candidatures et entretiens avec les candidats, Marie et Gaël sont choisis par le jury pour devenir les maraîcher(e)s de la Ferme de la Closeraie. Non issus du milieu agricole mais outillés grâce à de solides formations (BPREA maraîchage) et du salariat agricole en binôme, ils ont été accompagnés par Abiosol tout au long de leur parcours de reconversion. Le jury a été particulièrement convaincu par l’approche environnementale et territorialisée de leur installation telle qu’ils l’envisagent.
Vient l’étape de la mise à bail : un BRE (bail rural environnemental) sera signé début novembre et les premières cultures sont prévues pour le printemps 2021 !
Belle illustration d’une dynamique territoriale alliant collectivités, citoyens et associations dans une démarche de co-construction qui a largement démontré son efficacité…
Ces projets ont bénéficié d’un fort soutien des financeurs publics (Leader, Ademe, Région) ce qui démontre le vif intérêt porté par les institutions à ce type de démarche.
Reste à essaimer, passer de l’expérimentation à la diffusion tout en restant prudent sur la « modélisation» : chaque territoire a ses spécificités et ses jeux d’acteurs.
De nouvelles modalités d’installation émergent : mise à disposition des terres et/ou investissements pris en charge par une collectivité, maraîchage municipal. L’enjeu est d’en mesurer les impacts économiques mais également sociétaux pour s’assurer que notre démarche de soutien à l’agriculture paysanne, solidaire et écologique y trouve bien sa place.
Nos structures apportent une grande attention au suivi de ces expérimentations tout en veillant dans leur accompagnement à la mise en œuvre d’un dialogue constructif où les citoyens trouvent leur place.
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