C’était une visite organisée pour les porteuses et porteurs de projet, dans le cadre du parcours d’accompagnement proposé par ABIOSOL.
Au programme : visite et échange avec Alain Crochot sur le fonctionnement de la ferme et sur le contexte à fort enjeu foncier dans la plaine des maraîchers.
Rencontre avec Alain Crochot
Après une présentation de son équipe et des motivations qui le lient à la terre et aux cultures, le récit d’Alain porte sur les semis, le sol, les techniques de l’agroécologie, l’eau, et sur l’installation dans le métier d’agriculteur, sans oublier de partager les difficultés, comme celles liées aux intempéries, aux nuisibles, ou à la vente.
« L’agriculture est d’abord un travail humain ; à la ferme des Pâtis, une équipe de 14 personnes est nécessaire pour cultiver des plantes maraîchères sur 13 ha. Ici, nous produisons 160 variétés de légumes pour nourrir sous forme de paniers hebdomadaire environ 1 500 ménages ou clients occasionnels qui viennent lors des ventes à la ferme. La question se pose de l’achat des terres ; si j’ai un conseil pour les nouveaux agriculteurs, n’achetez pas les terres !! Pourquoi s’endetter quand des organismes (tel que Terre de Liens) proposent de vous les louer avec un bail rural environnemental, très protecteur pour l’agriculteur ? »
Découverte des semis
Nous nous rendons vers les serres : quasiment tous les semis se font ici, ce qui limite les risques face aux intempéries vécues depuis plusieurs années qui peuvent provoquer des variations de température très importantes au moment où la plante est la plus fragile. Ici, les graines sont mises en godets dans un terreau de culture sur une base de tourbe venue d’Estonie, car la France a interdit la récolte de la tourbe. Une machine aide à verser la terre dans les pots qui sont ensuite garnis de la graine par Ahmed, un salarié de la ferme, puis recouverts de terreau bien tassé. Cette méthode a permis de baisser le pourcentage de perte, passé ainsi de 30 % à 5 %. Les champs étant situés dans une boucle de l’Oise, l’eau est à deux mètres de profondeur et elle est utilisée avec parcimonie, suivant les variétés et un dispositif de gouttes à gouttes.
Les plants sont ensuite mis en pleine terre ou sous serres. Une particularité : ces dernières sont constituées d’un plastique biodégradable qui s’effrite en trois mois avec le soleil et le vent, par la photosynthèse.
Les plants sont ensuite mis en pleine terre ou sous serres. Une particularité : ces dernières sont constituées d’un plastique biodégradable qui s’effrite en trois mois avec le soleil et le vent, par la photosynthèse.
Aucun produit phytosanitaire n’est utilisé, seulement des apports en engrais organique. « La phyto force la plante qui perd son goût », nous dit Alain. Un bref débat précise la notion de plantes locales et l’adaptation des plantes à leur milieu de culture. Ainsi, par exemple, la tomate vient du Pérou, le chou de Pontoise est anglais... Le désherbage occupe les salariés une heure par jour, et les plantes résistent aux nuisibles.
Pour la distribution, la ferme est associée depuis longue date avec des « paniers » et des Amap dans les environs de Paris (Issy, Malakoff, Bagnolet). Malheureusement, l’augmentation actuelle du prix de l’énergie a un vrai impact sur le coût des livraisons. Alain a constaté une évolution de la demande et a adapté son offre pour le tissu local. Au début, un seul panier à 15 € était proposé avec une adhésion (sous la forme des Amap). Puis les paniers ont été diversifiés, une vente à la ferme s’est développée et très récemment, cette vente devient un nouveau magasin fermier sur quatre demi-journées qui accueillera aussi les produits d’autres producteurs.
Affaire à suivre, on reviendra !
Pour découvrir le reportage tourné à la ferme, entre mai et juin, c'est ici.
