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Le groupe local Aunis et l'élaboration du Programme alimentaire territorial

Publié le 1 juillet 2021 , mis à jour le 17 août 2023

L’Aunis est une « petite Beauce » exportatrice de céréales et oléagineux via le Port de La Pallice à La Rochelle. Grande taille des exploitations, forte utilisation d’intrants chimiques et faible autonomie alimentaire caractérisent notre territoire. L’accès au foncier pour de nouvelles installations y est extrêmement compliqué.

Le groupe local persévère dans sa volonté d’aider des porteurs de projets en agriculture biologique et de travailler avec tous les acteurs du système pour ce faire. Une acquisition de terres – la seule à ce jour - a permis à La ferme de la Houlette de s’installer, avec une première production de fromage de brebis en 2020.

Mais c’est le système dans son ensemble qui doit bouger. L’accès au foncier ne pourra s’améliorer que si les collectivités locales s’emparent activement de la question. Fort de cette conviction, le groupe local a, très vite après sa création (2013), uni ses forces à celles d’autres associations et engagé un dialogue avec la Communauté d’agglomération (CDA) de La Rochelle.

Premier enjeu, l’élaboration du Plan local d’urbanisme intercommunal. Ce processus a été l’occasion pour les associations d’organiser un travail de réflexion et de communiquer leurs convictions et leurs propositions à l’occasion de diverses réunions entre 2014 et 2017(1) et à travers un courrier à chacun.e des maires de l’agglomération en mars 2016. Nous n’avons cependant pas le sentiment d’avoir vraiment fait bouger les lignes en matière foncière.

Dans un avis collectif à l’occasion de l’enquête publique de juillet 2019 sur le projet de PLUI de la CDA rochelaise, quatre associations(2) ont rappelé leurs propositions concrètes en matière de zonage et, au-delà, de protection des terres agricoles et naturelles. Elles ont rappelé également la nécessité de créer une ceinture maraîchère et les démarches à soutenir dans des quartiers précis pour des jardins partagés, des fermes urbaines, des vergers. Le « chapeau » de cet avis disait :

« Nos associations souhaitent contribuer à mettre au cœur de la politique territoriale de l’agglomération rochelaise la santé, le bien-être et le « bien-vivre » de ses habitants.
Il s’agit de promouvoir une eau et une alimentation saine, des terres saines, majoritairement en bio, une nature protégée, la résilience alimentaire, la création d’emplois non délocalisables liés directement ou indirectement à l’agriculture. Le tout se conçoit dans une démarche qui associe pédagogie et action volontariste et utilise au mieux les outils de planification et d’urbanisme de la CDA ».

C’est dans cet esprit que nous avons poursuivi nos efforts. Ils avaient contribué à la création d’une délégation Agriculture Périurbaine et Circuits Alimentaires de Proximité au sein du conseil communautaire et au vote, fin 2018, d’une stratégie Agriculture périurbaine et circuits alimentaires de proximité. L’élaboration de la stratégie, portée par les services de la CDA – avec en particulier des séminaires de travail en février et juin – n’a fait appel à aucun consultant externe, témoignant que la réflexion, la concertation et la formulation de propositions peuvent émaner des acteurs du territoire quand elles sont bien organisées, grâce à des compétences locales moins coûteuses que celles d’ « experts » venus d’ailleurs.

Il aura fallu plus de deux années encore pour qu’un programme alimentaire territorial soit lancé sur le territoire du SCOT(3) , par la CDA et les communautés de communes d’Aunis atlantique et Aunis-Sud(4) .

Les trois EPCI(5) se sont associés à la chambre d’agriculture pour répondre à un appel à projet (AAP) de la DRAAF(6) portant sur la phase d’émergence du PAT. Les axes de travail proposés dans le cadre de cet AAP portent sur l’alimentation durable, les filières locales durables, les achats durables dans la restauration collective, les outils de suivi du foncier à l’échelle du SCOT et la mise en place d’une gouvernance alimentaire partagée.

Officiellement lancé le 12 février 2021, ce PAT nous appelle à une double vigilance :

  Il importe que la mise en place de la gouvernance – qui doit se faire avec une AMO(7) - soit rapide et intègre l’ensemble des acteurs concernés, sans position hégémonique pouvant chercher à maintenir le statu quo.

  Il nous paraît indispensable de donner au PAT un cap clair. Cela passe en particulier par la clarification du terme « durable » actuellement employé dans la formulation des axes de travail préparatoires. Il nous faut afficher la transition agroécologique comme une des ambitions assumées, avec une sortie programmée des intrants chimiques, dans un esprit de coopération et une démarche progressive. Les attentes de la société sont là. Si l’objectif de changer le modèle agricole sur notre territoire tout en allant vers la neutralité carbone, n’est pas clairement mis en avant dans le PAT, le travail risque d’être parasité en permanence et nombre de participants risquent de se décourager.

Enfin, il faut désormais intégrer un sens de l’urgence : 2030, c’est demain.

Terre de liens Aunis et la communauté d’agglomération rochelaise ont signé une convention d’un an dans laquelle le groupe local s’engage à mener des actions de formation sur les outils Objectif Terres et Parcel, de sensibilisation sur les questions d’installation et de transmission et à accompagner la réflexion sur la stratégie foncière agricole de l’agglomération.

Les territoires se doivent d’innover pour la transition agroécologique, en allant au-delà de la loi et en considérant que ce n’est pas au marché de piloter les choses : il importe en effet de donner de la valeur à ce qui doit en avoir – la santé des personnes, de la terre, de l’eau et de tout ce qui fait l’environnement. Les territoires doivent faire bouger les lignes.

Carole Landon, bénévole du Groupe Local Aunis

1. Y compris une table ronde avec la participation de deux députées, en juin 2016
2. Terre de liens, Le Collectif des fermes urbaine (CFU), Graines de troc, Inter-AMAP
3. Schéma de cohérence territoriale
4. La communauté de commune de l’Ile de Ré semble vouloir également intégrer le programme
5. Établissements publics de coopération intercommunale
6. Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt
7. Assistance à maîtrise d’ouvrage

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