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Les péripéties de Rosière, un projet de ferme à Ruy-Montceau (Isère)

Publié le 11 avril 2022 , mis à jour le 17 août 2023

Comment une ferme de 16 hectares, ancien élevage ovin, a pu être reprise par deux paysannes boulangères, alors que les bâtiments nécessitent trop de travaux pour être acquis par la Foncière ? Avec quelques ingrédients simples : du volontarisme, de la mobilisation, de l’imagination, le soutien du groupe local… et une bonne dose de persévérance ! La ferme de Rosière pourra prochainement retrouver une activité à la hauteur de l’engagement qu’elle a suscité.

Le projet d’acquisition de la ferme de Rosière est né d’une sollicitation des vendeuses, 3 sœurs. Elles souhaitent préserver l’unité du bien transmis par leurs parents et anciennement exploité en élevage ovin. Les terres ne sont pas labellisées en bio mais leur père, M. Muet, s’est engagé dans des pratiques agricoles bio dès les années 1970. Elles mettent 16 ha à la vente, libres de tout bail, et le corps de ferme constitué d’une maison d’habitation et des bâtiments agricoles autour d’une belle cour de ferme à l’ancienne. Elles contactent Terre de Liens en juin 2020, et un groupe de 4 bénévoles se met immédiatement en place. Ils vous racontent la suite…

La Rosière

Une ferme à potentiel

Premier rendez-vous à la ferme en août 2020. Nous découvrons une belle ferme construite en U autour d’une cour. Des bâtiments agricoles, une maison d’habitation construite dans les années 70 pour remplacer une très vieille maison en pisé datant du XIX19ème siècle. Les bâtiments sont relativement vétustes. Les 16 ha de terres sont principalement autour du corps de ferme.
M. Muet avait un élevage ovin. Mais nous souhaitons savoir quelles cultures sont possibles avant d’aller plus loin dans l’instruction. Nous organisons trois tours de plaine avec l’aide d’un agronome, de deux paysans de l’Association pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural (ADEAR) et d’un maraîcher. A chaque fois, les retours des professionnels sont globalement enthousiastes. La ferme a un potentiel pour des cultures de céréales, de l’élevage de petits ruminants avec transformation fromagère ou du maraîchage. Avec quelques réserves dans chaque cas, mais rien de rédhibitoire. Nous avançons dans l’instruction.
Le diagnostic des bâtiments fait ressortir la nécessité de réaliser des travaux sur la maison d’habitation. La présence d’amiante sur le toit de l’ancienne bergerie, la nécessité de refaire l’assainissement nous placent dans le « rouge » par rapport au dossier d’instruction pour que la Foncière Terre de Liens aille jusqu’au bout.
La Commission de Suivi des Projets continue à soutenir le projet. Cette ferme offre un potentiel important dans une région très urbanisée dans laquelle une ferme Terre de Liens aurait toute sa place.
Un appel à porteur de projet est lancé en lien avec l’ADEAR. Il est difficile de rédiger l’appel à projet car il n’est pas du tout certain que Terre de Liens fasse l’acquisition, et les propriétaires souhaitent une transmission qui garantisse la pérennité de la ferme. Une douzaine de porteurs de projet manifestent un intérêt mais seuls deux dossiers sont déposés.

Deux paysannes boulangères

Le projet porté par Marie et Hélène, deux jeunes mais expérimentées paysannes boulangères, est retenu par le jury, organisé par Terre de Liens, auquel participent les propriétaires, le maire de la commune et une représentante de l’ADEAR.
Nous avons enfin des porteuses de projet. Leur projet est très bien construit. Elles sont très dynamiques. Elles veulent créer un lieu de vie autour de l’activité agricole sur la ferme. Les membres du jury sont très enthousiastes. Une étape de plus est franchie : nous avons une ferme et des porteuses de projet. Le dossier peut enfin être présenté à la Foncière.
Mais lors de la visite sur place des représentants de la Foncière, le message est clair : trop de travaux à réaliser dans les bâtiments avant de pouvoir les mettre en location. Nous comprenons qu’il n’y a pas d’échappatoire possible. Par contre, les terres sont intéressantes à condition de pouvoir acheter la totalité des 16 ha.
Branle-bas de combat : on laisse tomber ou bien on trouve une solution pour continuer, pour que cette rencontre entre un très beau lieu et des porteuses de projet si dynamiques puisse un jour vivre dans une commune très demandeuse de cette installation ?

Une association dédiée pour acheter le bâti

Au final, la solution que nous soumettons en Commission de Suivi des Projets est de proposer à Terre de Liens l’achat des 16 ha de terres.
Après tant de visites et de temps passés sur la ferme, les propriétaires, les porteuses de projet et les bénévoles commencent à avoir une cohésion et une histoire commune suffisantes pour porter un projet nouveau : ils proposent de créer une association pour acheter le bâti. Cette association sera propriétaire des bâtiments. Elle les donnera à bail emphytéotique à une association gestionnaire. Cette dernière prendra en charge les travaux à réaliser et louera les bâtiments au GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) de Marie et Hélène, et aux autres structures qui pourraient s’installer sur place. La Commission de Suivi des Projets puis le conseil d’administration de Terre de Liens Rhône-Alpes soutiennent cette proposition tout en regrettant que la Foncière n’acquière pas les bâtiments pour pérenniser la ferme.
Le Comité d’Engagement de la Foncière donne un avis favorable à l’achat des terres le 29 mars 2022. La SAFER (Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural) avait validé l’acquisition des terres par Terre de Liens quelques jours avant. L’association qui sera propriétaire du bâti est en cours de création. Les promesses de participation d’une trentaine de personnes permettent de réunir les fonds nécessaires pour l’association. Le temps de faire les acquisitions et les démarches administratives nécessaires, Marie et Hélène pourront semer à l’automne 2022. La ferme de Rosière pourra revivre.
Plus de deux années auront été nécessaires pour aboutir. Merci à la persévérance des propriétaires qui ont tenu jusqu’au bout dans leur volonté de maintenir une activité paysanne dans la ferme de leurs parents. Il restera à avancer sur la collecte de Terre de Liens pour l’acquisition des terres. Le groupe local Nord-Isère se met en ordre de marche pour préparer cette collecte. Elle débutera dans la dernière quinzaine de juin, dès la réouverture des souscriptions pour la Foncière Terre de Liens.

>> Si vous souhaitez être tenu au courant de l’ouverture de la collecte, cliquez ici.
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