Assemblage inédit d’acteurs et actrices de la société civile, du monde agricole et de la finance solidaire, le mouvement Terre de Liens tire son originalité de l'articulation entre un réseau associatif actif dans toute la France, une entreprise d’investissement solidaire et une fondation reconnue d’utilité publique.
Partout en France métropolitaine, Terre de Liens agit pour préserver les terres agricoles. Découvrez notre réseau de fermes.
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Quel que soit votre profil, Terre de Liens est là pour vous accompagner sur les questions agricoles, d'accès à la terre, d'installation et de transmission.
Actualités
Publié le 20 juin 2024 , mis à jour le 25 juin 2024
Depuis dimanche 9 juin et l’annonce inattendue de la dissolution de l'Assemblée nationale, comme nombre d’entre vous, nous nous sommes demandé quelle était notre place face à cette actualité historique et l’inconnu qui se dresse devant nous ; quelle devait être la parole de notre mouvement, citoyen, issu de l’éducation populaire et apartisan.
Rester muets ? Parler de ce que nous connaissons : l'agriculture ? Ou peut-être plus simplement en revenir à ce que nous sommes : un mouvement résolument humaniste et tourné vers le vivre ensemble et le soin porté aux humains et à la nature.
Nager à contre-courant, c’est l’essence même de Terre de Liens depuis ses débuts. Contre l’agriculture industrielle qui tue nos fermes et fait diminuer le nombre d’agriculteurs et agricultrices d’année en année ; contre les logiques spéculatives qui agissent pour financiariser les terres qui nous nourrissent…. Chez Terre de Liens plus encore qu’ailleurs, on sait que les petits ruisseaux peuvent faire de grandes rivières.
Alors aujourd’hui et à l'heure où des valeurs aussi fondamentales que le vivre-ensemble, le respect et la dignité de toutes et tous pourraient être remises en cause, on a envie de vous inviter à continuer à nager à contre-courant et à considérer chaque prise de parole aussi humble soit-elle comme un appel à s’unir pour que vivent nos valeurs communes d'écologie et de solidarité.
Pour une agriculture vivante, ouverte qui nous nourrit
S’il est bien un domaine où le brouillage des pistes est aisé, c’est l'agriculture. Du local oui, du localisme non, une agriculture qui protège nos agriculteurs oui, une fermeture de nos frontières non. Les exemples existent par dizaines, ne nous trompons pas d'ennemis.
Depuis 20 ans, Terre de Liens agit pour une agriculture et des campagnes vivantes, une agriculture qui allie un modèle économique soutenable pour nos agriculteurs·trices à une exigence de bien faire, pour nos sols, pour la qualité de ce que nous mangeons, pour la santé de toutes et tous. Les défis qui se dressent devant nous sont immenses pour accompagner les agriculteurs·trices face au changement climatique, pour restructurer les fermes et permettre à une nouvelle génération de prendre la relève, pour soutenir une agriculture biologique et agroécologique qui protège le vivant et assure aux agriculteurs·trices des revenus dignes sur le long terme.
Nous vivons aujourd’hui un moment historique, celui d’un choix de société. Ensemble, les 30 juin et 7 juillet, faisons la démonstration d’une société ouverte, qui refuse une vision nationaliste, xénophobe et identitaire de la France !
Démêler le vrai du faux, constater le vide béant entre les discours et les actes ou au contraire souligner les engagements qui vont dans le bon sens, décryptage des engagements des candidats et candidates.
Aujourd’hui le Rassemblement National se pose comme un rempart à l’incurie du gouvernement actuel, notamment sur les questions agricoles. Si les discours peuvent paraître séduisants, à l'épreuve des votes du RN ces dernières années, la réalité est toute autre.
Ils ont dit : “Nous voulons installer une nouvelle génération d’agriculteurs.” Pour Marine Le Pen, l’état devrait aussi améliorer l’accompagnement à l'installation.
Mais ils ont fait : Lors des débats sur la loi d’orientation agricole, le mois dernier, les députés RN n’ont pas soutenu les amendements proposés par la Coalition Installons des paysans, spécialistes de l’accompagnement à l’installation des agriculteurs. Pire, le député RN Grégoire de Fournas s’est permis en plein hémicycle de disqualifier le collectif Nourrir, en l’accusant sans fondement d’agent de l’étranger.
Ils ont dit : “L’État doit enfin réserver l’accès aux terres agricoles aux agriculteurs et s’opposer à l’accaparement de celles-ci par des groupes étrangers, soit pour des activités non agricoles, soit à des fins financières.” En 2017 Marine Le Pen parlait même à juste titre d’un "immense mouvement de concentration entre les mains des grosses exploitations au détriment des petites exploitations familiales pourtant au cœur de notre modèle agricole français."
Mais ils ont fait : Aucun des amendements portés par Terre de Liens et ses partenaires sur l’accès aux terres agricoles et la lutte contre leur financiarisation n’a été soutenu lors des débats sur la Loi d’Orientation Agricole.
Pire, le RN a déposé une proposition de loi complémentaire interdisant l’achat de terres par des étrangers, qui n’est pourtant pas la cause de l’accaparement des terres en France aujourd’hui.
Ils ont dit : “L’utilisation de terres agricoles pour des projets d’urbanisation sera interdite, sauf dérogations accordées par les préfets, afin de favoriser en priorité l’utilisation des friches commerciales et industrielles.”
Mais ils ont fait : A l’assemblée nationale, les élus RN ont tout fait pour s'opposer au Zéro artificialisation nette, pourtant moins disant que leur promesse de campagne.
Ils ont dit : “Nous voulons un plan de soutien pour l’agriculture biologique.”
Mais ils ont fait : Le RN s’est résolument engagé au Parlement européen contre toute mesure en faveur de la sortie des pesticides.
Depuis sept ans au pouvoir, le gouvernement a systématiquement privilégié l'agriculture intensive au détriment des fermes biologiques. Entre financement des mégabassines, renoncements sur les pesticides, et favoritisme envers les grands propriétaires, il a opté pour une fuite en avant technologique basée sur trois piliers : numérique, robotique et génétique.
Ils ont dit : La Loi d'Orientation Agricole doit répondre à l’immense problème du renouvellement des générations agricoles.
Mais ils ont fait : Le gouvernement a confié la gestion du guichet unique « France Services Agriculture » aux seules Chambres d'Agriculture et ne peut donc garantir ni le pluralisme ni la neutralité indispensables pour conforter la légitimité du service de proximité qu’il propose et accompagner TOUS les profils des porteurs de projets. Les Chambres d'agriculture ont déjà la responsabilité de cet accompagnement depuis des décennies. Et avec quels résultats ? Le nombre d’agriculteurs·trices s’est effondré.
Ils ont dit : Emmanuel Macron l’a souligné : “l’accès à la terre est un obstacle majeur pour l’installation”.
Mais ils ont fait : Il a été décidé que le sujet n’entrait pas dans la Loi d’Orientation Agricole ! Seule proposition, la création d’une nouvelle forme de fonds d’investissement destinée au portage des terres agricoles : le groupement foncier agricole d’investissement (GFAI). Une façon détournée de faire entrer des investisseurs aux logiques de rentabilité accrue dans le jeu.
Ils ont dit : Emmanuel Macron a dit : “on a artificialisé les sols avec des conséquences que nous voyons aujourd'hui : glissements de terrain, érosions profondes, disparition de la biodiversité et donc bouleversement de l’écosystème qui n’est pas soutenable.”
Mais ils ont fait : Sous la pression de la convention citoyenne sur le climat, le gouvernement a fait passer une loi dite “Zéro artificialisation nette” (ZAN) visant à réduire son rythme par deux en 10 ans. Cependant, cette loi passe par une très lente modification des documents d’urbanisme, qui depuis n’a cessé de prendre du retard dans un contexte d’urgence climatique et écologique. Pire, le gouvernement a finalement laissé passer une proposition de loi des sénateurs Républicains visant à détricoter le principe du ZAN. Enfin, le gouvernement soutient encore la création d’infrastructures imposées et inutiles, comme le projet de l'autoroute A69 reliant Castres à Toulouse.
Ils ont dit : “Le projet de loi d’orientation agricole doit donner à l'agriculture française les moyens de relever les défis du renouvellement des générations et des transitions imposées notamment par le changement climatique.”
Mais ils ont fait : Dans le texte adopté à l’Assemblée :
Les atteintes à l’obligation de protection des espèces sont dépénalisées;
L’arrachage de haies sera facilité;
Les délais de recours en cas de contentieux sur les méga-bassines et les projets d'industrialisation de l’élevage seront raccourcis.
L’unique mesure de transition proposée par le gouvernement a été affaiblie : le diagnostic d’évaluation de la viabilité environnementale des fermes sera en effet facultatif, sans conditionnalité pour les aides publiques et sans garantie de financement par l’État.
Dans son programme, le Nouveau Front Populaire affirme sa volonté d’agir pour une agriculture écologique et paysanne. Un ensemble de propositions en accord avec la vision que porte Terre de Liens.
Ils ont dit : Refondre la PAC (politique agricole commune) en notifiant une version révisée du plan stratégique national (PSN) afin d’engager la sortie du système actuel des aides à la surface et les réorienter vers les exploitations intensives en main-d’œuvre et écologiquement soutenables
Ils ont fait : Dans le texte de la Loi d'Orientation Agricole voté le 28 mai dernier, les députés NUPES ont défendu (et obtenu) l’impératif de respect du pluralisme dans la mise en œuvre de France Service Agriculture et l’inscription d’un objectif de nombre de fermes cibles (400 000 fermes et 500 000 exploitants).
Ils disent : Lutter contre l’accaparement des terres et permettre à chaque agriculteur qui souhaite s’installer d’accéder à une exploitation pour préserver le modèle agricole familial.
Ils ont fait : Lors des débats sur la Loi d’Orientation Agricole, les députés NUPES ont obtenu un engagement à travailler un projet de loi foncière en commission affaires économiques dès l’automne 2024 [avant dissolution] et ils ont supprimé l’article 12 qui prévoyait la création de « groupements fonciers agricoles d’investissement ».
Ils ont dit : Défendre les zones agricoles, naturelles et les zones humides, doubler et améliorer la protection des aires maritimes protégées.
Ils ont fait : Ils ont défendu l’interdiction de l’artificialisation des sols dès 1 000 mètres carrés, en y incluant les entrepôts du e-commerce lors du débat parlementaire sur la loi Climat et Résilience en 2021.
Ils disent : Soutenir la filière du bio et l’agroécologie, encourager la conversion en bio des exploitations en reprenant leur dette dans une caisse nationale et garantir un débouché aux produits bio dans la restauration collective.
Ils ont fait : Lors des débats sur la Loi d’Orientation Agricole, ils se sont battus pour la réintégration dans le code rural des objectifs en matière de surface agricole utile (SAU) pour l’agriculture biologique (AB) et les légumineuses.
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