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Des fromages de brebis à Couddes

Publié le 18 décembre 2023 , mis à jour le 20 décembre 2023

Partons à la découverte de la ferme de la Fontaine (Couddes, 41)

Ferme précédemment tournée vers le maraîchage se reconvertie dans l'élevage :

Traditionnellement on trouvait des productions diverses en Sologne viticole : des légumes, des arbres fruitiers, de la vigne bien sûr,  de l'élevage caprin mais pas de brebis laitières. 
C'est pourtant à Couddes qu' Anaëlle et Maxime, porteuse et porteur de projet, ont installé, depuis 1 an, leur troupeau de brebis sur l'exploitation de la Fontaine.

Ce couple a rencontré, mi 2020, l'exploitant en place qui souhaitait cesser son activité. Entre-temps Terres de Liens, association bien connue pour son engagement sur le foncier et l'agriculture paysanne a finalisé l'acquisition complète de la Fontaine soit trente-quatre hectares, redonnant à ce lieu l'unité qui existait précédemment.

Mais qui sont ces nouveaux exploitants

Anaëlle 31 ans fille d'agriculteurs dans le Lot, a suivi un cursus d'études dans les arts et la communication visuelle mais sans s'y épanouir, Maxime 34 ans, a délaissé ses études de géographie pour être au contact de la nature "être dehors c'est mon moteur" dit il. S'ensuit une période de plusieurs années au cours desquelles ils vont acquérir de l'expérience en agriculture en travaillant dans des fermes et aussi se former pour acquérir le Brevet Professionnel de Responsable d'exploitation agricole ( BPREA). Couramment le BPREA se déroule sur un an, alternant stages et présence en centre de formation, mais ils  ont choisi, avec toute leur détermination, une formation longue sur deux ans à Segré-en-Anjou. Elle est orientée agriculture biologique et biodynamique et comprend seize mois de stage, périodes qu'ils mettront à profit pour se perfectionner en élevage, avec pour Anaëlle un plus avec la fabrication de fromages.

Puis ils se sont rapprochés de la famille d'Anaëlle pour s'installer sur la ferme familiale dans le Lot, mais le projet ne s'est pas réalisé. À cette époque, ils ont dans leurs relations des paysans du Loir-et-Cher, Maxime vient travailler quelque temps dans les vignes d'un ami de la vallée du Cher. Ils se plaisent bien dans en région Centre.

C'est comme cela qu'ils entrent en contact avec l'ADDEAR 41 (Association Départementale pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural) qui accompagne les installations en agriculture paysanne et qu'ils apprennent que l'exploitation de la Fontaine est à reprendre.

Après plusieurs visites, ils estiment que la situation leur permet d'envisager de s'installer ici : les parcelles sont groupées ce qui va faciliter le pâturage tournant , la surface correspond à l'effectif prévu de leur troupeau, la proximité de la D 675 avec son flux de voitures vers le zoo de Beauval facilitera la vente de fromages.

Enfin la proposition de Terre de Liens de leur louer la ferme leur convient tout à fait. Ils préfèrent investir dans l'outil de production, Maxime, qui connaît Terre de Liens depuis huit ans a déjà éprouvé ce modèle lors de deux stages réalisés sur des fermes Terre de Liens. Lui aussi considère la terre comme un bien commun qui doit être retiré du marché et de la spéculation.

Ils entrent alors dans le processus de l'installation, travaillant avec l'AFOCG (association de formation collective à la gestion) pour établir leurs comptes prévisionnels, bénéficiant de l'accompagnement de l'ADEAR pour finaliser leur projet et pouvoir prétendre à la DJA (dotation jeune agriculteur) dont l'une comme l'autre vont bénéficier dans le cadre du GAEC (groupement agricole d'exploitation en commun) qu'ils créent. 

En parallèle, ils élaborent un dossier avec Terre de Liens où ils mettent en valeur leurs priorités : la production en agriculture biologique, la recherche de l'autonomie alimentaire pour le troupeau, la vente directe en circuit court aux consommateurs en local, le projet de plantation de haies, autant d'arguments qui ont convaincu  les experts du comité d'engagement. L'installation se concrétise en juillet 2022 et Maxime et Anaëlle signent un bail rural environnemental avec Terre de Liens...

Là, tout est à faire, ce n'est pas pour déplaire à Maxime "j'aime créer" dit- il, il va falloir monter un tunnel pour la stabulation des brebis, clôturer les prairies, défricher certains parcelles, édifier la fromagerie etc...

Et les premiers agnelages débutent en février 2023. C'est la première fois qu'ils n'ont pas d'aide pour ce moment crucial, il faut être vigilant, détecter les signes précurseurs, passer des nuits, aider la brebis à agneler. .. C'est aussi une fierté :"j'aime cette relation de grande proximité et de confiance avec l'animal" dit Anaëlle.
Puis la fabrication des fromages débute mais le chantier en cours de la fromagerie est arrêté, une tornade couchant les panneaux sur le sol. Heureusement  un ancien éleveur caprin d'une commune voisine met à leur disposition son laboratoire qui est  encore opérationnel.

C'est aussi une période test concernant la vente des fromages qui débute, il faut organiser les dépôts dans des magasins, tenir le stand sur les marchés locaux et surtout avoir des retours des clients sur la qualité du produit.

Aujourd'hui c'est l'heure du bilan du premier exercice.

Des agnelles nées au printemps dernier, trente sont gardées pour renouveler et compléter le troupeau, au printemps aura lieu un semis de prairies avec des variétés locales, et si les fromages ont été appréciés des clients, il y a besoin de rationaliser les points de vente.

Mais dans l'immédiat Maxime s'emploie avec un couvreur à édifier le bâtiment qui comprendra la fromagerie et le point de vente pour l'accueil des clients. Tout doit être prêt pour la 2 ème saison d'agnelage en février prochain.

Concernant les pâtures, et dans la perspective de l'autonomie fourragère du troupeau, 6 ha supplémentaires de prairies sont mis à leur disposition par des voisins qui viennent s'ajouter aux 34 ha de départ. C'est aussi le signe de l'insertion dans la commune de ce couple sympathique « venu d'ailleurs ».

Pour ne pas s'isoler, nos jeunes agriculteurs tiennent à être en relation avec leur environnement professionnel , avec la participation de Maxime à la commission Installation Transmission de l'ADDEAR, et aussi l'adhésion à la coopérative d'utilisation de matériel agricole de Couddes.

L'hiver c'est aussi une période de formation, ils participeront à 2 sessions pour approfondir leurs connaissances, l'une avec l'INRA et le GABLEC (groupement bio en 41) sur la connaissance de la flore variée, l'autre avec le GIE bovins caprins sur l'autonomie protéique et en fourrage .

Enfin, le thème de la biodiversité va être central dans le développement et l'aménagement de leur ferme. Pour cela, ils comptent planter des haies pour limiter l'effet du vent très présent sur l'exploitation, fournir de l'ombre aux animaux, faciliter la présence de la petite faune (oiseaux etc..) et retenir l'eau de pluie. Et tout cela sans oublier l'intérêt de l'aspect paysager que ce soit pour le visiteur ou pour eux qui y consacrent tout leur temps.

Merci à Jacques MARDON pour la rédaction de cet article

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