Assemblage inédit d’acteurs et actrices de la société civile, du monde agricole et de la finance solidaire, le mouvement Terre de Liens tire son originalité de l'articulation entre un réseau associatif actif dans toute la France, une entreprise d’investissement solidaire et une fondation reconnue d’utilité publique.
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Publié le 18 décembre 2023 , mis à jour le 20 décembre 2023
A Terre de Liens, nous devons beaucoup à nos bénévoles qui s’engagent aux côtés des salarié.es pour transformer la société. Une d’entre elles a accepté de témoigner de son engagement et de nous transmettre sa volonté de préserver la terre et l'agroécologie.
J'ai 41 ans et j'habite en Indre-et-Loire depuis bientôt cinq ans. J'ai une formation d'ingénieur agro-alimentaire, et suis issue d'une famille de paysans par mes grands parents. J'ai travaillé dans l'industrie agro-alimentaire, dont je ne partageais pas le fonctionnement mais qui m'a beaucoup appris, puis dans la transformation des entreprises. Je me suis spécialisée dans l'accompagnement individuel et collectif des projets de transformation et de transition, d'abord dans le milieu de l'entreprise (coaching, formation, direction de projets, direction d'équipes) et également dans le privé (accompagnement de projets de transition de vie professionnels et personnels).
Une citation qui me correspond :
"On ne fait pas pousser des carottes en leur tirant sur la queue". Ca me ramène sur terre quand je trépigne trop ou que je vais trop vite.
Pourquoi s'engager à Terre de Liens ? Mon mari et moi cherchions des projets d'épargne solidaire en lien avec la terre, en rapport avec les forêts et les vignes initialement. C'est lui qui a trouvé TDL. Mes parents (qui ont hérité de l'exploitation agricole des mes grands-parents, actuellement en fermage) étaient également adhérents de TDL Aquitaine. Je ne suis bénévole active que depuis un an et demi.
Ce qui m'a attirée : Depuis longtemps je me sens concernée par les terres agricoles et leur protection (en quantité mais aussi en qualité), par les paysans, par la permaculture, le bio, l'agriculture responsable... Et je suis effarée par le peu de connaissance/proximimté que nous avons avec ceux qui nous nourrissent. Depuis enfant, je me demande comment je mangerais si je vivais la guerre comme ma grand-mère.
Ce qui m'a fait sauter le pas pour TDL : c'est l'existence de la foncière, c'est cela qui m'a convaincue. J'ai trouvé les statuts ambitieux, exigeants et surtout cela va plus loin que du lobbying c'est un engagement très fort, de prendre en charge à vie les terres. C'est ce que l'on appelle "jouer sa peau". Prendre des risques aux côtés de ceux qui s'engagent en la cultivant. Le pragmatisme du projet, se concentrer sur les terres à vocation alimentaire, cela aussi m'a plu. Il y a tant de beaux discours aujourd'hui que j'avais besoin de concret.
Ce qui me donne envie de rester et daller plus loin, c'est de découvrir la vision et l'histoire du mouvement TDL. La philosophie, la charte, le projet citoyen et culturel. Et surtout, ce sont les personnes et l'organisation que je découvre petit à petit : des personnes du groupe local engagées, exigeantes et aussi ouvertes à de nouvelles personnes et profils. Une équipe de permanents disponible, engagés et pédagogues.
Les projets de transmission me touchent particulièrement. C'est très délicat à accompagner, il y a des personnes qui jouent leur projet de vie, des deux côtés, beaucoup de travail, d'enthousiasme, de peurs aussi. Des incompréhensions, des blocages. Des joies et des déconvenues. Et des échanges entre générations. C'est une leçon de courage, de patience, d'humilité aussi d'accompagner cela. Je suis contente de pouvoir y participer avec des bénévoles qui le font depuis longtemps. Et puis j'apprends énormément, des connaissances théoriques sur le foncier, le métier d'agriculteur, les politiques et lois agricoles, les pratiques agricoles... Par la transmission humaine, les bénévoles du groupe local sont très disponibles pour répondre aux questions, orienter vers de la documentation et emmener avec eux un binôme débutant. De façon plus formelle aussi, la formalisation du savoir m'impressionne à TDL : les formations au catalogue opérées par l'équipe permanente, et aussi des outils très riches (Parcel, Guide du Foncier, Charte du Locataire, Guide de la recherche, centre de ressources etc...).
Concilier vie pro/vie perso
Côté professionnel, actuellement je suis indépendante, j'ai une activité assez peu régulière, avec des missions qui varient de quelques mois à plus d'un an. Selon les périodes, je peux ponctuellement m'organiser pour dégager du temps, voire des journées pour TDL; à d'autre périodes au contraire c'est très dense, et il m'est arrivé de ne plus réussir à être présente plusieurs semaines ou mois, même aux réunions mensuelles du groupe Local. J'ai commencé à m'engager "doucement" pour tester, d'une part parce que je ne savais pas à quoi je pouvais être utile, et aussi car je ne mesurais pas quelle disponibilité je pourrais donner sur le long terme. J'ai commencé par des actions plutôt ponctuelle et qui peuvent se faire en "asynchrone". Côté personnel j'ai une famille et un petit, donc je dégage du temps en soirée mais je limite le week-end.
Je participe aux réunions du groupe local, je me forme et je m'informe grâce aux publications de TDL et aux riches échanges du groupe local (et expresso !). Je contribue à concevoir un atelier de sensibilisation et à former des bénévoles à cet atelier. Et j'accompagne un bénévole dans un projet de transmission qui a démarré cette année et n'est pas encore au stade de projet TDL. Pour la suite, à part bien faire ce que j'ai déjà commencé, j'aimerais m'engager plus sur cet aspect transmission quand ce sera possible. J'aimerais aussi aider à la préparation des rendez-vous avec les collectivités et les élus si je trouve le temps et que c'est utile. Et puis connaître le CA, les projets futurs, aller à la prochaine AG, faire des formations sur le fonctionnement d'une exploitation et le foncier... Mais doucement, doucement.
Qu'est-ce que l'atelier "Je cultive mon assiette" ? C'est un atelier de sensibilisation qui vise à faire prendre conscience des liens entre le territoire, les surface agricoles de ce territoire, et l'alimentation de chacun. En d'autres termes comment ce que je consomme et ce que je mange peut impacter le territoire sur lequel je vis. On y parle d'autonomie alimentaire du territoire, de relocalisation, des impacts des cultures et élevage sur la biodiversité, l'eau, les émissions etc... L'idée c'est de faire réfléchir les gens en une heure, sans pression, de façon ludique et surtout concrète ! L'atelier est basé sur des données réelles extraites de PARCEL et CRATER. Cela donne beaucoup de poids aux exemples. Bref, je m'emballe mais le mieux c'est de tester l'atelier ! Des nouvelles sessions seront programmées courant d'année prochaine ! Elles forment à l'utilisation de PARCEL pour préparer l'atelier personnalisé au territoire choisi.
Pourquoi oser s'engager ? Il n'y rien à perdre à essayer ! Je n'ai jamais senti de pression sur mon "petit" engagement, j'ai été accueillie sans jugements alors que je me sentais assez "décalée" en terme de parcours, et c'est une belle surprise de découvrir en quoi l'on peut contribuer. L'important c'est de commencer.
Le bénévolat à tout âge, est-ce possible ? Absolument. Le projet central de protection du foncier agricole est en lien avec la transmission, les cédants et les repreneurs sont souvent d'âges très différents. C'est éminemment transgénérationnel ! Et les acteurs de TDL que j'ai rencontrés sont assez souples pour permettre à chacun de trouver sa place quel que soit son âge.
Merci à Fanny pour son témoignage !
Envie de témoigner, écrivez à j.bamas@terredeliens.org
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