BIENTOT 10 ANS ! la métamorphose de la ferme des Usages

Le précédent exploitant initialement éleveur de bovins, était passé à la culture conventionnelle exclusive de céréales et protéagineux. Suite à son décès, la ferme était destinée à être vendue en lots ; ce démembrement a été évité grâce à l’intervention de la SAFER, interpellée par Terre de Liens sur le risque de perte de la vocation agricole.

Tout était à restaurer ou créer : la miellerie, le chais, les 14 ha (d’un seul tenant) pour les jeunes pommiers et poiriers qui, greffés par Julien attendaient de prendre place dans le sol lourd de cette clairière en lisière de la forêt d’Orléans. Les deux premières années, plusieurs chantiers participatifs ont aidé à la plantation des 2500 arbres, tous d’espèces anciennes du Gâtinais. Le financement des débuts a donc été prudent: plants auto-produits, matériel de seconde main, etc ...

Les bâtiments anciens: ex-étable et hangar métallique ouvert, pouvaient certes abriter les activités débutantes, mais de façon peu satisfaisante et précaire. Rien n’existait encore sur place pour les loger avec leurs deux enfants.

Les débuts furent difficiles … ils en apprécient d’autant plus les transformations, rénovations et reconstructions, qu’ils ont co-financées avec la Foncière: miellerie, hangar thermo-régulé, logement aménagé au-dessus du chais, etc …, qui ont bien amélioré leurs conditions de vie.

La vie d’entrepreneur est bien remplie avec des pics d’activité intenses: printemps-été en apiculture, automne pour la récolte des fruits et son traitement. Les moments de repos sont rares, car il faut aussi assurer commercialisation, gestion et planification d’améliorations et de nouveaux projets; sans oublier les enfants … !

La priorité a majoritairement été donnée aux investissements techniques pour monter en gamme, améliorer les équipements et les conditions de travail. Annelies en bénéficie pour l’obtention et le conditionnement de la gelée royale, du miel et sa transformation (pain d’épices, nougat), et Julien pour élaborer des cidres par assemblage de jus différents et des poirés par la méthode champenoise (presse, cuverie, matériels de manutention, équipements pour l’embouteillage, le dégorgement et stockages thermorégulés).

Le contexte économique n’a pas toujours permis l’embauche de salariés : Annelies travaille à nouveau seule depuis l’an dernier, Julien a réussi le recrutement d’une personne en CDI assez récemment. Il fait appel chaque automne à une petite équipe pour le ramassage et le tri manuels des pommes, dans les vergers mis à sa disposition près de Châteaurenard, en attendant la montée en production des jeunes arbres de Loury.

La recrudescence des sécheresses et la hausse des températures estivales viennent de contraindre Julien à investir dans une installation d’irrigation, ce qui lui apparaissait initialement tout à fait improbable, avec les espèces plantées et la nature du sol.

A noter : des projets déjà amorcés, pour diversifier les productions : jus de pommes et de poires, vinaigre balsamique et cormé (jus de corme).

C’est l’histoire d’une réussite qui tient au réalisme, à la ténacité et à la compétence, qu’accompagne la qualité des produits bio, même si les aléas climatiques et la conjoncture économique apportent des incertitudes. Ainsi, en 2023, Annelies, a fait enfin une bonne récolte après 2 années très médiocres et décourageantes.

PS. Avec les fermiers, le Groupe Local 45 prévoit de célébrer cet anniversaire au milieu du verger le 13 juillet.

Merci à Catherine et Bernard MERY pour la rédaction de cet article