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Les impacts du changement climatique à la ferme de la Chesnaie

Publié le 7 janvier 2025 , mis à jour le 10 janvier 2025

Les conséquences du réchauffement climatique se font chaque année plus présentes et imprévisibles. Les fermes Terre de Liens doivent notamment faire face à plusieurs dégradations de leurs terrains dues à la sécheresse mais aussi aux épisodes de grêle, aux vents plus forts notamment en dehors de l’hiver, aux printemps précoces, à l’humidité et aux inondations. Les paysans et paysannes cherchent donc des manières de s’adapter aux conditions climatiques aléatoires.

Les réponses à ces défis sont de plus en plus urgentes, c’est notamment le cas pour la ferme de la Chesnaie. Ferme Terre de Liens depuis mars 2020, elle regroupe les activités de maraîchage, des poules pondeuses, des volailles de chair menées par Elodie et des ovins viande, menés par Hugo. En juin 2022, elle connaît un épisode de grêle désastreux pour les toitures et les cultures. La grêle touche en premier lieu le bâti en trouant les toitures et cassant les velux. L’assurance et Terre de Liens ont supporté la réparation des toitures à hauteur de 55 000 € HT. Les dégradations n’étant pas présentes uniquement à la ferme de la Chesnaie mais dans toute la zone, les travaux se sont allongés sur une année. Le bâtiment a aussi été désamianté et une couverture a été refaite en bacs d’acier pour mieux résister aux prochains épisodes de grêle.

Seulement, la grêle n’a pas uniquement dégradé les bâtiments de la ferme mais a aussi eu un fort impact sur les infrastructures en maraîchage. Les PVC des serres ont dû être remplacées pour un montant de 25 000 € HT en partie supporté par l’assurance et une subvention de la DDT obtenue par Elodie. Des petits matériels tels que des asperseurs, vannes de goutte à goutte, stock d’engrais ont été détruits ou souillés. La production du maraîchage en a aussi pâti avec l’inondation des serres qui entraina des maladies sur les tomates ou encore la destruction partielle des cultures en pleine terre par les grêlons. Les pertes sont difficilement chiffrables. Les gestionnaires de Patrimoine de Terre de Liens travaillent sur les dommages pour en connaître les causes et pouvoir les éviter.

D’un autre côté, les hivers doux et les manques de gelées permettent aux doryphores de sortir avec plus d’un mois d’avance par rapport aux autres années. Un ramassage manuel est donc nécessaire pour pallier à l’absence de prédateurs et éviter d’utiliser des produits phytosanitaires. L’accompagnement de Biocentre est ici indispensable en termes d’informations et de techniques en agroécologie.

En plus de la grêle et des hivers doux, la ferme doit pallier à la sécheresse et donc à la réduction des quotas d’eau. Elodie déploie des systèmes d’arrosage de goutte à goutte pour préserver au maximum cette ressource. Seulement ce système ne paraît pas suffisant si l’on prend l’exemple de l’année 2023 particulièrement sèche où les quotas d’eau ont été réduits de 44% à cause du bas niveau de la nappe phréatique de Beauce. La diversification des cultures paraît être une réponse pour s’adapter au réchauffement climatique et réduire les problèmes de variation des récoltes.

Les fortes précipitations de l’hiver 2023 puis du printemps 2024 ont aussi eu de grandes conséquences sur les rendements. Le ruissellement des eaux depuis la forêt domaniale a détrempé les parcelles du maraîchage ce qui a rendu le travail dans les champs impraticable. L’évacuation du surplus d’eau des parcelles a été impossible. En conséquence, le développement des cultures a été retardé, le système racinaire des choux et poireaux a été asphyxié.

Ces années sèches ou humides ont fait repenser la répartition des cultures. Le projet initial prévoyait la production de céréales pour la nourriture de l’élevage mais celle-ci est devenue trop incertaine avec la météo aléatoire. Hugo a donc aujourd‘hui dû s’organiser autrement en laissant la totalité de la surface de la ferme en prairie afin de nourrir ses moutons. Pour pallier aux variations de la production de foin, il gère un stock d’un an et demi.

Avec l’agrandissement des élevages de volaille et des systèmes de productions intensifs, les cas de grippe aviaire deviennent plus fréquents. Les volailles de la ferme de la Chesnaie ont donc souffert du confinement obligatoire dû au risque sanitaire. L’arrêté préfectoral s’étendant de décembre à mars 2024  a obligé les fermiers à enfermer les poules et poulets à l’intérieur du bâtiment. Ceci a eu des conséquences sur la grosseur des poulets ou encore sur la ponte des poules qui ont drastiquement baissé.

Enfin, pour résoudre plusieurs problèmes, les fermes montent des projets en agroforesterie. C’est aussi le cas dans la ferme de la Chesnaie où la plantation de haies permettrait de protéger les serres du vent du nord et des gelées tardives. Seulement, avec les nombreuses difficultés et les retards dans l’obtention des subventions, la plantation est ralentie. Les arbres plantés sont aussi plus fragilisés par la météo et des pertes sont déjà constatées.

En conclusion, le réchauffement climatique a un impact concret dans la production et l’élevage, ce qui oblige les paysans et paysannes à zigzaguer entre les périodes d’humidité qui font pourrir le foin par exemple et les périodes de gel ou de sécheresses qui font perdre la production. Cette inconstance météorologique oblige à penser des nouvelles manières de s’adapter, à l’image d’Hugo et Elodie qui diversifient leurs cultures et décident d’abandonner la culture céréalière en bio, trop incertaine. Cependant, tous ces efforts n’empêchent pas les graves conséquences sur les ressources de la ferme, à l’image des difficultés qu’ils ont dû rencontrer.

Mai 2024

Avec la participation de  Elodie, Hugo, fermiers et Jacques co-référent de la ferme.

Texte écrit par Patrice Turban co-référent de la ferme

Texte mis en forme par Garance Desplat

Coordination : Bamas Johana

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