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Publié le 8 septembre 2025 , mis à jour le 18 septembre 2025
A Terre de Liens, nous devons beaucoup à nos bénévoles qui s'engagent aux côtés des salarié.es pour transformer la société. Didier a accepté de témoigner de son engagement.
Peux-tu te présenter ?
Didier, né à proximité des sources de la Marne il y un peu plus de 60 ans dans une famille d’ouvriers cheminots. J’ai fait ma scolarité de lycéen dans un lycée agricole et, à l’époque, je voulais devenir ingénieur agricole. J’étais déjà très sensible à la protection de l’environnement, à la qualité de l’alimentation et à la lutte contre les inégalités sociales. La vie a fait son office et j’ai finalement enseigné presque 40 ans les sciences sociales et de la santé en lycée à Blois et exercé, en parallèle, des responsabilités syndicales. J’ai longuement pratiqué et je continue à pratiquer le théâtre, la randonnée pédestre, le Qi Gong et le tai chi chuan.
Comment as-tu connu Terre de Liens Centre-Val de Loire (TDL) ?
J’ai connu TdL au cours d’un rassemblement d’été sur la ZAD de Notre Dame des Landes. Parmi les nombreuses tables rondes et activités proposées, TdL animait une conférence-débat. À l’époque, mon fils avait le projet de s’installer comme éleveur d’ânesses. J’ai donc découvert TdL à cette occasion et j’ai immédiatement trouvé le concept très pertinent. Mon fils a cherché des terres 1 à 2 ans et n’en a pas trouvé ; il est maintenant commerçant. Mais je n’ai pas oublié TdL et j’ai adhéré de nombreuses années, sans avoir de temps à consacrer au mouvement. J’ai aussi investi financièrement dans la Foncière.
Qui a été ton premier contact ?
A l’approche de la cessation de mon activité professionnelle, j’ai complété le formulaire électronique pour indiquer que j’étais intéressé pour devenir bénévole. J’ai donc commencé à recevoir des méls de l’Association Territoriale et, ainsi, quelques jours après ma cessation d’activité, j’ai participé à ma première réunion, celle du "groupe local 41".
Pendant plus d’un an, j’ai volontairement picoré à droite et à gauche dans TdL : des réunions, des rencontres, des actions et beaucoup de formations. J’ai voulu saisir la complexité et la globalité de TdL… Quel travail ! Petit-à-petit, je me suis plus impliqué dans la tenue des stands, le primo-accueil, l’accompagnement de futurs paysan·nes, de cédant·es, dans le suivi d’une ferme, l’organisation d’un évènement sur une ferme, etc.
Quel projet te touche particulièrement ? Focus sur une mission préférée
L’expérience malheureuse de mon fils dans l’accès à la terre fait que je suis particulièrement sensible à l’accompagnement des porteur·seuses. Et je suis toujours surpris et dynamisé par leur enthousiasme, leur prise de risque, leur énergie, leur détermination. J’écoute avidement le récit de l’aventure dans laquelle elles/ils se lancent et je ressors de cette écoute avec l’idée évidente que leur accomplissement personnel est lié à leur accès à l’activité agricole. Alors je me réjouis de marcher à côté d’elles/eux et d’apporter ma modeste mais vigilante contribution à leur réussite. Modeste car les pilotes, c’est évidemment elles/eux ; je ne suis, et même TdL, qu’une étoile dans la vaste constellation qui les entoure. Vigilante car je souhaite éviter que leur enthousiasme ne se fracasse sur un obstacle mal négocié.
Pourquoi s’engager à Terre de Liens ?
Je me suis engagé à TdL pour vivre quelques-unes de mes convictions, pour être en harmonie avec moi-même. Dans le monde tumultueux et délétère d’aujourd’hui, je veux concrètement participer à protéger les terres agricoles et participer au développement d’une agriculture vivable humainement, viable économiquement, ancrée dans le local, agroécologique et nourricière. Parce que l’avenir de l’humanité passe par là. En fait, je vis mon engagement comme une petite pierre d’un édifice vital pour l’humanité mais il est également vital pour moi, pour mon bien-être.
Pourquoi oser s’engager ? Que dire à quelqu’un qui n’ose pas sauter le pas ?
Il y a, me semble-t-il, 2 questions importantes à aborder lorsque nous souhaitons nous engager. Celle du pour qui et pourquoi ? Et celle du comment ?
A TdL, on s’engage pour soi-même et pour l’ensemble de nos sœurs et frères humains. Comme je l’ai déjà dit, il est incontournable d’être persuadé que cet engagement est bénéfique pour nous-même, notre équilibre, notre épanouissement, notre cohérence intellectuelle. Mais, il est aussi une expression concrète de notre solidarité humaine, de notre conscience d’être lié à l’humanité et à l’ensemble des êtres vivants, au cosmos. Sans catastrophisme, la survie de l’humanité se joue sans doute en partie dans le choix d’agriculture qu’elle fait actuellement. Et c’est donc important de pouvoir peser dans ce choix.
Ce qui permet de sauter le pas, c’est d’avoir l’assurance qu’un bon matelas nous attend à la réception de notre saut. A TdL, la ou le bénévole n’est jamais seul-e : toutes les missions se font en duos et avec le soutien des salariées. Des formations et des réunions accompagnent toutes les prises de responsabilité et la convivialité n’est jamais très loin. Enfin, personne à TdL n’est omnipotent et le droit au doute, le droit au refus de la/du bénévole sont reconnus. La ou le bénévole est avant tout un-e volontaire, reconnu-e et respecté-e.
Quels sont les freins et qu’est-ce qui peut manquer pour recruter et motiver de nouveaux bénévoles ?
TdL rencontre les mêmes difficultés que toutes les organisations qui reposent sur le bénévolat ou le militantisme : nous vivons une période qui valorise quasi-uniquement les engagements individuels et lucratifs. Penser et agir « collectif » et « solidarité » est dévalorisé. Il y a là un obstacle énorme. Mais TdL se soigne : une réflexion et une formation sur l’accueil des nouveaux bénévoles existe dans la Fédération et dans l’association Territoriale du Centre-Val de Loire. Un groupe de travail régional s’est constitué ; il est sans doute nécessaire de poursuivre et d’approfondir ce travail.
Merci à Didier pour la rédaction de ce témoignage !
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