D’emblée, Irina prévient : « Erasmus, ce n’est pas que pour les étudiants. Cela permet également de soutenir des programmes associatifs ». C’est dans ce cadre qu’en décembre dernier, un séminaire de quatre jours a réuni Terre de Liens avec Terre en vue, son homologue belge. Objectif : apprendre à mieux se connaître entre associations, échanger les expériences, les actions, les pratiques, mais également s’interroger sur la manière d’encourager davantage de jeunes à s’engager et enfin travailler à accueillir de manière chaleureuse et efficace les bénévoles arrivants.
Un point auquel Irina attache beaucoup d’importance. Depuis quatre ans, celle qui, enfant se rêvait pépiniériste, est bénévole à Terre de Liens. Pourtant, rien ne prédestinait cette bonne élève de prépa, ingénieure en aéronautique pendant 25 ans, à s’engager dans la préservation des terrains agricoles. Si ce n’est, raconte-t-elle, une réelle conscience écologique depuis toujours. C’est d’ailleurs cette sensibilité qui la pousse un jour à changer de métier et à travailler sur le traitement de l’eau et des déchets à la Lyonnaise des eaux. Quelques années avant la retraite, cette mère de quatre enfants décide d’aller encore plus loin, en se tournant vers l’associatif. Pour elle, l’urgence est d’amener les jeunes à penser autrement. En devenant co-présidente d’un groupement d’économie sociale et solidaire des anciens élèves de Centrale Supélec, elle se donne pour mission de sensibiliser les étudiants à une autre économie, plus respectueuse de l’environnement. Grâce à ses nouvelles activités, Irina voit un jour passer un article sur les activités de Terre de Liens. Pour cette femme de conviction, le choc est réel. « J’ai trouvé incroyable que les nouveaux fermiers ne puissent pas accéder à la terre. Il me paraissait primordial de lutter contre la spéculation foncière… » Dès 2015, celle-ci prend des parts à la Foncière. Une fois à la retraite, en 2021, elle décide de donner du temps à l’association. Lors de l'assemblée générale de l’association à la ferme de Combreux, au printemps dernier, elle propose ses services. On lui suggère alors d’intégrer le pôle citoyen de Terre de Liens Île-de-France. Peu à peu, Irina devient également référente pour l’organisation de chantiers et formations dans une ferme. De fil en aiguille, elle accepte de participer au séminaire Erasmus en Belgique, afin de réfléchir à l’accueil et à la formation des bénévoles.
« Le programme était dense mais on a été hyper bien reçus », résume Irina.
Le premier jour, sa délégation a pu discuter avec ses collègues belges des graves problèmes de foncier agricole dans leur pays. « Encore pires que les nôtres », constate Irina. Le lendemain, journée de réflexion avec des intervenants extérieurs rodés à la culture populaire, autour des modes de recrutement. Trop peu de jeunes sont sensibilisés à la problématique du foncier agricole. Le samedi 3 décembre, ateliers pour affiner les outils d’accueil des bénévoles dans les mouvements. Enfin, le dimanche 4 décembre, avant de repartir en France, Irina et son groupe ont pu visiter la Ferme Arc-en-Ciel, première initiative soutenue par Terre-en-Vue.
Irina tire un bilan très positif de son déplacement : « On a pu réfléchir à ce qu’on mettrait dans la formation des nouveaux arrivants, il est important qu’on leur parle un langage commun, en mettant l’accent sur les mêmes points. Par exemple, savoir résumer de manière efficace les actions de Terre de Liens ». Prochains objectifs : rédiger une charte pour les néo-bénévoles et tester son application sur le terrain.
