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Projet de loi agricole au Sénat : moins d'agriculteurs et plus de fermes-usines

Publié le 7 février 2025 , mis à jour le 15 octobre 2025

© Photo de Elimende Inagella sur Unsplash

Projet de loi d'orientation agricole (PLOA) au Sénat : Art.1, demain, moins d'agriculteurs et plus de fermes-usines

Déjà affaibli par son passage à l'Assemblée puis en commission des affaires économiques au Sénat, le projet de loi d’orientation agricole confirme une orientation productiviste et déconnectée des défis environnementaux et sociaux. Sous couvert de préserver notre souveraineté alimentaire, les Sénateurs ont vidé l’article 1 de sa substance, article déterminant les grandes priorités de la loi. Exit la priorité donnée au renouvellement des générations et à l'installation, l’accent est mis sur la compétitivité française à n’importe quel prix.

Le renouvellement des générations exclu de l'article 1

Discuté depuis plus de 2 ans, le projet loi d’orientation agricole semble aujourd’hui être frappé par l'amnésie de nombre de nos sénateurs.En 2022 le consensus était clair : le défi démographique pour l’ensemble du monde agricole est immense. Il était urgent qu’une loi donne les moyens à la France d’inverser la tendance (200 fermes disparaissent chaque semaine, un agriculteur sur deux partira en retraite d’ici 2050). Les sénateurs viennent de renvoyer cette priorité au rang d'accessoire…

Il est temps que les discussions sur cette loi cessent, à chaque étape c'est la course au pire. L'article 1, qui fixe les grandes orientations de la loi, a été vidé de plusieurs principes fondamentaux, excluant le renouvellement des générations, la question des terres et de l'installation. Sans le dire, les sénateurs valident l'orientation vers une agriculture de firmes ou de fermes-usines qui reposerait sur seulement 200 000 agriculteurs !
Astrid Bouchedor

Responsable du plaidoyer chez Terre de Liens

Un déni des enjeux climatiques et du rôle nourricier de l’agriculture

En donnant la priorité à la compétitivité agricole, le Sénat compromet la souveraineté alimentaire à long terme en réduisant les capacités locales au profit des marchés internationaux. La majorité des amendements visant à introduire des objectifs environnementaux, climatiques ou de cohérence avec les accords internationaux ont été rejetés, en particulier ceux liés au changement climatique et à la gestion de l'eau, suscitant une vive inquiétude.

Les discussions ont atteint un niveau alarmant, allant jusqu'à nier l’impact du changement climatique sur l’agriculture et son rôle dans les émissions de gaz à effet de serre
Astrid Bouchedor

Responsable plaidoyer chez Terre de Liens

Seul l’amendement concernant l’irrigation a été adopté. Par ailleurs, l’objectif de 21 % de Surface Agricole Utile (SAU) en agriculture biologique n’a pas été réintroduit, bien que celui des 10 % de légumineuses pour l’autonomie protéique à 2050 ait été maintenu. Enfin, la reconnaissance du rôle nourricier de l’agriculture a été écartée.

Le rejet de ces nombreux amendements clés traduit une rupture profonde entre les orientations du texte et les attentes d’une majorité d’agriculteurs, de la population, et de la communauté scientifique.

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