Assemblage inédit d’acteurs et actrices de la société civile, du monde agricole et de la finance solidaire, le mouvement Terre de Liens tire son originalité de l'articulation entre un réseau associatif actif dans toute la France, une entreprise d’investissement solidaire et une fondation reconnue d’utilité publique.
Partout en France métropolitaine, Terre de Liens agit pour préserver les terres agricoles. Découvrez notre réseau de fermes.
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Publié le 14 février 2025 , mis à jour le 21 février 2025
🚨 Terre de Liens publie un nouveau rapport sur l'état des terres agricoles en France : "Souveraineté alimentaire, un scandale made in France". Et révèle que notre pays a perdu la capacité à nourrir ses habitant·es.
👉🏻 Une Loi d'Orientation Agricole désastreuse vient d'être votée. Initialement porteuse d'ambitions fortes, elle laisse un goût amer. Plutôt que de relever les défis du renouvellement des générations agricoles et de la transition écologique, elle oppose agriculture et environnement, met en péril notre souveraineté alimentaire, bafoue « l’intérêt général majeur » de l’agriculture. Et continue de mettre en difficulté nos agriculteurs·trices et nos assiettes.
Une seule chose à faire dès lors : nous mobiliser ensemble pour poursuivre les efforts de changement de cap de notre agriculture.
🍽 Si on vous disait que pour remplir nos assiettes, la France importe aujourd’hui l’équivalent de la surface de l'Islande tandis qu’elle vide ses champs en exportant près de la moitié de la production de nos terres agricoles, vous trouveriez ça fou, non?
Sans compter que pour tenir la cadence de ces exportations, elle détruit à bas bruit nos terres, notre santé et nos agriculteurs…Il y a comme un petit (gros) problème!
C’est pourtant bien la réalité de notre système agricole. L’agriculture française, en plus d'asphyxier celles et ceux qui nous nourrissent, menace aujourd’hui nos assiettes.
Tout cela n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de décennies de politiques agricoles déconnectées de ces assiettes, auxquelles s'ajoute donc cette nouvelle loi d'orientation agricole. Il est plus que temps de changer de cap : ne restons pas impuissant·es, emparons-nous du sujet! On vous explique ⤵️
Terre de Liens publie son 4e rapport sur l'état des terres agricoles
📑 Dans son nouveau rapport sur l’état des terres agricoles en France, Terre de Liens révèle que la France a perdu la capacité à nourrir sa population. Avec 28 millions d’hectares de terres agricoles, notre pays a en théorie de quoi nourrir sa population, et même plus. Mais en pratique, 43% de ces terres sont dévolues au commerce international, réduisant notre souveraineté alimentaire à une chimère politique.
🔎 La souveraineté alimentaire, c’est quoi ? Pour le mouvement paysan Via Campesina, qui a développé le concept de souveraineté alimentaire en 1996, il s’agit du « Droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée produite avec des méthodes durables, et le droit des peuples de définir leurs propres systèmes agricoles et alimentaires. » La souveraineté alimentaire recouvre à la fois le droit inaliénable à l’alimentation et le droit de participer à la définition du système alimentaire. La France dispose en théorie de 4300 m² de terres nourricières par habitant mais en réalité elle ne consacre que 2 100 m² à l’alimentation des français·es.
🤡 Pour compenser cette perte, la France est obligée d’importer au moins 20% des produits dont elle se nourrit. Un chiffre qui a doublé en 20 ans et qui est sans aucun doute sous-estimé tant l’origine de la matière première utilisée dans les aliments transformés est floue.
Prenons un exemple ⤵️
🍝 Les pâtes illustrent l’absurdité de la situation : avec nos 250 000 hectares de blé dur cultivés chaque année, nous pourrions aisément produire 15 kg de pâtes par personne, deux fois plus que la consommation moyenne en France. Hélas, le blé produit sur deux tiers de ces surfaces est vendu hors de nos frontières et loin de nos estomacs. Résultat : la France importe trois quarts des pâtes et semoules qui nourrissent sa population.
🥛 Autre exemple parlant : le lait ! Tandis que Lactalis réduit sa collecte de lait de 9 % en France, laissant sur le carreau plusieurs centaines d'éleveurs laitiers, il n’a pas fait mystère de son intérêt pour le lait en poudre néo-zélandais, dont l'importation est facilitée par un récent accord de libre-échange. La France importe ainsi l'équivalent de 5 milliards de litres de lait par an pour l’industrie agro-alimentaire.
🚨 Notre modèle agricole est si absurde que nos terres ne nourrissent ni ceux qui la travaillent ni ceux qui vivent autour.
On pourrait se consoler au titre que “la France nourrit le monde”, mais cet argument ne tient plus la route quand on sait que notre pays dépend d’engrais chimiques et d’énergies venus de partout dans le monde pour ses cultures végétales, et de 4 millions de tonnes annuelles de soja d’outre-Atlantique pour nourrir ses élevages “locaux”.
❌ Cette situation absurde n’est pas le fruit du hasard. Elle est le résultat de 75 ans de déconnexion politique entre agriculture et alimentation. Un système où la demande n’oriente pas l’offre, et où l’offre est tenue par des intérêts agro-industriels, incompatibles avec l’intérêt général. Un système contre lequel notre mouvement citoyen s’élève depuis des années en mobilisant les forces du changement et une expertise implacable, comme dans ce nouveau rapport.
🤝 Pourtant, nourrir assez de monde en préservant l'environnement, c'est possible (voir le scénario Afterres 2050, Solagro). Et des initiatives existent partout en France, portées par des collectivités, des fermier·es, des citoyen·nes...
🌾 La ferme du Mont d'Or (17) est située en plaine d'Aunis, l’un des territoires agricoles qui s’est le plus spécialisé. Autrefois terre de polyculture-élevage, c’est désormais une grande plaine céréalière. La ferme, qui existe depuis 1860, n’a pas échappé à la règle : elle s’est spécialisée dans les céréales, avec l’objectif de produire toujours plus de semences pour l’Aunis ou pour l’exportation, au détriment des habitant·es du coin. Puis Emmanuel a repris la ferme à la suite de son père, avec la volonté de développer une agriculture nourricière.
Quand j’ai repris la ferme de mon père, j’ai démarré la conversion en bio. Mon envie était de produire à 100% pour l’alimentation humaine et locale. Aujourd’hui, je cultive une douzaine de céréales différentes chaque année. 20% sont transformés (farine, bières, légumineuses) et vendus à la ferme ou en circuit court. À partir de notre farine, un boulanger fait du pain à la ferme.
Pour la métropole de Nantes, relier agriculture et alimentation est un enjeu capital. Grâce à une politique volontariste des élu·es, les surfaces agricoles et le nombre de fermes sont restés stables depuis 10 ans et le bio a progressé. De nombreuses initiatives voient le jour pour une alimentation saine et abordable, pour préserver les terres et l’environnement.
Nous avons conscience que le foncier est le nerf de la guerre. C’est pour cette raison que nous avons mis en place une véritable stratégie foncière innovante, dotée d’un budget annuel de 1,5 million d’euros, dirigé vers des acquisitions foncières afin d'atteindre notre objectif de conserver 100 % des surfaces agricoles utiles et d'atteindre 50 % des terres en bio.
Conseillère métropolitaine, Nantes Métropole
En 2024, l'association Acclimat’Action, appuyée par le département de la Gironde et la ville de Bordeaux, ont mis en place une caisse alimentaire commune, qui bénéficie déjà à près de 200 familles. Le principe : grâce à une caisse commune issue de fonds publics et privés et de cotisations de citoyen·nes, des familles peuvent accéder à une alimentation de qualité à un prix accessible.
Depuis que je participe à ce dispositif, beaucoup de choses ont changé. La qualité des produits d’abord, que ma fille reconnaît. Elle dévore les fruits en morceaux, qu’elle refusait avant. Comme les produits transformés ne sont pas dans la liste des produits éligibles, j’ai retrouvé le plaisir de cuisiner. En puis, en achetant de la viande, ce que je ne faisais pas avant, j’ai l’impression de soutenir un éleveur local.
📣 A l’heure où la France se dote d’une loi d’orientation agricole qui était censée “préserver” sa souveraineté alimentaire et n'en fait rien, Terre de Liens appelle le gouvernement à mettre en cohérence production agricole et besoins alimentaires de toute urgence car en l’état, notre “souveraineté alimentaire” n’existe déjà plus !
Pour garantir une souveraineté alimentaire réelle et durable, il est crucial de transformer radicalement les politiques publiques afin qu’elles répondent aux besoins alimentaires de toutes et tous, protègent les ressources naturelles et valorisent le travail des agriculteurs et des agricultrices. Le processus législatif autour de la loi d’orientation et d’avenir agricole (LOA) rate à nouveau la cible d’ancrer ces transformations dans un cadre juridique ambitieux. Une véritable politique alimentaire doit :
Les territoires sont souvent les plus à même d’engager une transition globale du système alimentaire, en intégrant un plus grand nombre d’acteurs et en adaptant les solutions à leur contexte local. Pour aller plus loin dans cette dynamique, il est essentiel de renforcer le pouvoir d’agir des collectivités territoriales :
La Loi d’Orientation Agricole, adoptée le 28 mai 2024 par l’Assemblée Nationale,et renvoyée aux calendes grecques suite à la dissolution, vient d'être votée définitivement ce 20 février 2025. Sans moyens mis à disposition sur l’enjeu de renouvellement des générations et de la résilience des fermes (autrement dit, le long terme qui devrait être central dans une loi d’orientation!), elle fait semblant de donner des gages aux agriculteurs•trices par un abaissement généralisé des normes qui ne règlera rien à leur précarité alarmante et consacre dans le même temps une vision de la souveraineté alimentaire calquée sur la balance commerciale de la France.
Cette loi, qui définit l’avenir de notre agriculture, est loin d’être assez ambitieuse et cohérente avec nos enjeux alimentaires et de transition écologique !
✊🏻 La mobilisation est donc loin d'être finie : nous avons besoin de vous pour continuer le combat pour une agriculture nourricière.
Pour aller plus loin : les rapports de Terre de Liens
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