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Actualités
Publié le 4 juin 2025 , mis à jour le 4 juin 2025
Le Jardin des Courtines, à Duerne (Rhône) est constitué de 4 hectares. Nicolas, Clément et Blandine produisent, en GAEC, des légumes et des herbes aromatiques. Le terrain est en agriculture biologique depuis 2013. En 2021, avec la reprise par Nicolas, les pratiques d’agroécologie, de maraîchage de conservation et de non travail du sol avec du fort amendement organique, déjà développées par le maraîcher précédent sont étendues.
Les paysan·nes de cette ferme, de part leur activité à fort impact sur l’environnement, se considèrent comme garant·es de la préservation et du développement des habitats pour le vivant sauvage sur leur terrain.
En plus de la petite retenue collinaire servant pour l'irrigation, 6 mares ont été crées depuis 2021 sur la ferme, et près de 600m de haies ont été rajoutées.
Fin 2022, l'acquisition des terres par Terre de Liens; souhaitée par les paysan·nes, a permis la pérennisation de la destination agricole du terrain, avec garantie qu’il ne partira pas à l’agrandissement. Le bail rural environnemental signé dans ce cadre là confirme aussi la vocation de la ferme à être un havre de biodiversité.
La Fondation Terre de Liens a financé en 2024 un diagnostic naturaliste incluant des préconisations; puis des chantiers d’aménagement en faveur de la biodiversité en 2025 sur la ferme.
Ces différentes étapes ont été menées par la LPO - Ligue pour la Protection des Oiseaux (Auvergne Rhône Alpes)
La phase diagnostic a permis d’observer les aménagements favorables à la biodiversité et les espèces de la faune sauvage déjà présents sur le terrain de la ferme. L’inventaire réalisé a permis de constater, par exemple, que la Pie-Grièche écorcheur est nicheuse sur la ferme. En raison de son statut d’espèce quasi menacée, la LPO encourage de continuer à favoriser les haies arbustives pour sa nidification et la présence en abondance de gros insectes pour qu’elle s’alimente et nourrisse sa nichée.
L’ensemble des préconisations encourage à continuer de mettre en place le gîte et le couvert pour le plus grand nombre d’espèces de la faune sauvage.
En 2025, deux chantiers participatifs ont été mis en place afin de mettre en application ces préconisations : les samedis 15 février et 22 mars, une 50 aine de personnes est venue prêter main-forte.
Voici le panel des multiples aménagements réalisés à ces occasions :
- Des habitats multipliés et mieux répartis, plus de tritons, plus de libellules ...
- La vie et la qualité du sol augmentées : très bonne analyse physico-chimique du sol
- Des plantes à l’immunité développée grâce à un environnement sain (sols riches en matière organiques, un microbiote riche en mesure de se défendre face aux attaques extérieures).
Ainsi l’ensemble de la chaîne trophique* fonctionne bien.
*ensemble des interactions d'ordre alimentaire entre les êtres vivants d'un écosystème
Ne jamais intégrer au sol du broyat au printemps, le laisser en surface : la faune du sol (champignons et bactéries = microbiote) a besoin d’azote pour se développer, au détriment des plantes qui en ont besoin à cette période. Si besoin d'enrichir son sol rapidement, intégrer ce broyat au sol en automne et rajouter un couvert (mulch de tonte, foin, paille, broyat de bois, bâche) pour protéger la vie du sol !
Le Jardin des Courtines est aussi intégré dans une dynamique locale avec l’association Paysans de Nature. Ce sont des paysan·nes qui se retrouvent avec la volonté de préserver le vivant sauvage sur leurs fermes, où les marges de manœuvres sont considérables.
Cette association considère qu’un·e paysan·ne est un acteur important pour protéger la faune, à l’instar d’un gestionnaire d’espace naturel. Les pratiques paysannes sont importantes et impactantes sur les sols et le terrain des fermes. Sachant que l’agriculture constitue 50% des territoires nationaux, si chaque paysan s’engageait dans la préservation du vivant sauvage, cela aurait un impact majeur sur la biodiversité en général.
Sur le jardin des Courtines, leur souhait est d’être productif, de vivre de leur activité et de laisser de la place aux habitants sauvages.
Nicolas nous confie que voir cette vie sauvage sur leur terrain réchauffe leurs coeurs.
On est toujours en train de se montrer nos observations, c’est un émerveillement permanent
Ainsi, Paysan de Nature porte le projet politique de faire du réensauvagement paysan : produire tout en préservant et s’émerveillant du vivant, avec la volonté d’installer de nouveau·elles paysan·nes sur des fermes à taille humaine.
Leur plaidoyer ne promeut pas une biodiversité fonctionnelle mais plutôt le respect des droits de la faune sauvage et à toute la diversité du vivant d’avoir sa place.
Merci à Nicolas, Clément, Blandine et Clara (future paysanne sur la ferme), ainsi que Noémie, Justine et Emmanuel de la LPO, de nous avoir partagé leur amour et leur respect de la biodiversité.
Article écrit par Marianne, bénévole Terre de Liens
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