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Publié le 9 juillet 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025
Aimer la nature, s’émerveiller devant ses spectacles en toute saison, ce n’est déjà pas si mal pour les nombreux urbains que nous sommes devenus. Si nous arpentons les campagnes et les sommets d’un pas engagé, notre observation est le plus souvent passive, bercée par la nostalgie de notre enfance quand, pour les plus âgés, nous vivions « lâchés dans la nature » autour de nos villages.
La ferme du Marais des Mûres bénéficie du Programme Biodiversité de la Fondation Terre de Liens. Amélie, maraichère en place depuis 2023 a confié à l'Association Porte de l'Isère Environnement (APIE), partenaire de Terre de Liens, le soin de procéder à un diagnostic naturaliste sur la ferme.
En accompagnant les naturalistes, ornithologues et entomologistes, les nécessités de l’analyse agroécologique nous emmènent sur un chemin qui délaisse un instant le romantisme. Sans entamer notre sensibilité à l’environnement naturel, leurs connaissances et leur technicité témoignent d’un autre engagement, lié à leur propre attachement à la nature. Leurs sentiments ne sont pas moins forts que les nôtres.
Mais pourquoi donc aller se perdre dans un marais ? Pour le promeneur, c’est une retenue d’eau stagnante, une mare à l’eau pas très nette où même la chaleur estivale ne donne pas l’envie de se baigner, laissant ce luxe aux grenouilles qui ne se lassent pas d’en chanter les bienfaits. Microcosmes bordés d’une végétation dense, les étangs s’abordent avec prudence dans l’incertitude de la solidité de leurs berges imbibées d’eau. À l’inconfort que l’on ressent à leurs abords — surtout si l’on est venu en baskets plutôt qu’en bottes —, le mot de marécage semble plus approprié.
Cherchons une première réponse à… Paris ! Son quartier, le Marais, rappelle son ancienne destination de jardins potagers pour nourrir les Parisiens. Est-ce une telle réminiscence qui a marqué l’imagination Amélie, originaire d’Île-de-France ? En tout cas, le nom de la ferme est judicieux, même si l’on n’y élève pas de grenouilles (on ne va pas manger leurs cuisses, quand même !), d’autant que fin juin, quelques mûres donnent l’envie de tendre la main pour cueillir celles que l’on croit « mûres » ! ; il faudra encore attendre quelques semaines.
Quand, lors de la première visite, en avril, le printemps était déjà bien installé dans la végétation, nous parcourions les trois hectares de l’exploitation, et il n’était pas question d’étangs ni de mares, mais bien d’un marais au sens où la culture et les plantes endémiques puisent l’eau drainée naturellement vers la Bourbre. En cette saison. Car dès juin, l’arrosage mécanique se déploie en petits nuages de brume diffusés par des buses et des goutte-à-goutte.
Chaque journée d’analyse sur le terrain est dédiée à une catégorie particulière de ses occupants. Oiseaux, insectes (les premiers mangent les seconds), plantes (qui nourrissent les seconds), mammifères (dont le blaireau qui s’attaque directement aux plantations). Plus qu’une analyse, il s’agit d’abord d’une enquête sollicitant tous les sens. Les chants (et autres sons qui reçoivent leur propre dénomination en fonction de l’émetteur) sont les premiers signes de la présence des oiseaux. En une vingtaine de minutes, on en dénombrera pas moins d’une vingtaine. Idem pour les insectes, un mois plus tard. Concernant les plantes, j’ai renoncé à compter les découvertes des naturalistes… Quand on piétine les plantes au fond du terrain, là où la vie explose dans toute sa diversité, difficile d’identifier les odeurs qui s’échappent de leur sève, entremêlées à la dispersion des pollens qui animent les abeilles de quelques ruches à proximité. On ne le dira pas trop fort, mais Google Lens est sollicité pour différencier certaines variétés d’insectes dont les photographies tiennent du défilé de mode ; mais plus encore que les robes, les noms, quand ils oublient le latin, apportent leur dose d’humour : Mégère, femelle du Satyre ! Il s’en passe des choses dans nos jardins !
Parmi tout ce petit monde, il en est un plus discret qui préfère la fraicheur et l’obscurité. Seront posés des pièges photographiques assurant une veille permanente et des balises radio pour repérer les colonies de chauves-souris.
Une fois le plus agréable et le plus simple réalisés, il restera aux salariés et bénévoles de l’association l’APIE à formaliser le diagnostic, puis d’engager le dialogue avec Amélie pour envisager des mesures conservatoires. Au papillon cuivré des marais, on y tient !
Article écrit par Philippe B, bénévole Terre de Liens
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