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Actualités
Publié le 18 mars 2024 , mis à jour le 19 mars 2024
Un exemple d'agroforesterie en Île de France - la Fabrique Végétale à Lumigny (77)
En 2021, la fondation Terre de Liens a lancé un programme « Biodiversité » : il s’agit avant tout d’encourager les agriculteurs à adapter leurs pratiques. En Ile de France, plusieurs fermes Terre de Liens sont impliquées.
Depuis la seconde moitié du 20ème siècle, l’agriculture intensive et l’artificialisation des sols a largement contribué à une perte de biodiversité [1]. Elle est pourtant essentielle pour la pollinisation (en Europe, 84 % des espèces végétales cultivées dépendent directement des insectes pollinisateurs) [2], la fertilité des sols, la prévention des inondations et le maintien de la qualité de l’eau, le piégeage du carbone… La biodiversité peut se décliner à différents niveaux :
[1] Une étude récente, la plus vaste et la plus complète à ce jour sur les oiseaux en Europe montre que le nombre d’oiseaux a décliné de 25 % en 40 ans sur le continent européen, voire de près de 60 % pour les espèces des milieux agricoles. L’agriculture intensive est la principale pression associée au déclin des populations d’oiseaux. >>> en savoir +
C’est l’axe privilégié par le programme national : « rendre la ferme un milieu vivant », favoriser une diversité et hétérogénéité d’habitats favorables à une flore et une faune riches et variées, maintenir des zones non cultivées en proximité de zones cultivées : « réensauvager » la ferme en quelque sorte, abandonner la culture du « propre » qui a prévalu tout au long de la deuxième moitié du 20ème siècle!
De nombreuses études scientifiques [3] ont démontré l’intérêt de la haie. Elle constitue l’un des moyens les moins onéreux, les plus rapides et efficaces pour restaurer la perte de biodiversité dans les paysages agricoles ; aussi, elle contribue efficacement à la lutte contre le réchauffement climatique.
Pourtant, alors que la PAC [Politique Agricole Commune] interdit l’arrachage des haies depuis 2015, elles continuent à régresser. Entre 2006 et 2021, on constate une perte de 15 % de haies et d’arbres d’alignement, passant de 1.003.028 ha à 859.350 ha [5]. Et leur état est loin d’être satisfaisant : elles sont souvent vieillissantes ou dégradées du fait d’un entretien mécanique de mauvaise qualité.
Inciter et aider les fermiers à créer de nouvelles haies, restaurer les haies existantes, identifier des filières de valorisation (bois-énergie, litière pour les animaux d’élevage…), former à l’entretien durable des haies : c’est la priorité du programme national, conduit avec l’appui de AFAC – Agroforesteries, premier réseau agroforestiers de France.
[3] On pourra par exemple se référer au programme RESP’HAIES, (2019- 2022) coordonné par l’AFAC – Agroforesterie. Pour en savoir plus : https://afac-agroforesteries.fr/resphaies/.
[5] Voir le rapport du Conseil Général de l'Agriculture, de l’Alimentation et des Espaces Ruraux : « La haie levier de la planification écologique » - mai 2023), et notamment l’annexe 7 p.79. Pour en savoir plus : https://agriculture.gouv.fr/la-haie-levier-de-la-planification-ecologique.
L'association régionale Terre de Liens Île-de-France accompagne le développement de projets qui favorisent la biodiversité dans les fermes Terre de Liens de la région. En 2023, trois fermes ont pu bénéficier du soutien financier proposé par le programme national pour la mise en place de projets agroforestiers : la ferme de Toussacq à Villenauxe-la-Petite (77),la Fabrique Végétale à Lumigny (77) et la Ferme Bois des Folies à Chevannes (91).
Les diagnostics sont réalisés par l’association Agrof’Île, qui œuvre pour la transition agroécologique et la valorisation de l’arbre en Île-de-France ; elle assure aussi l’accompagnement technique des projets. Quant aux plantations, elles sont réalisées par les fermiers ou par des prestataires ; des chantiers participatifs sont organisés régulièrement, permettant aux bénévoles et aux habitants du territoire de participer activement.
En 2024, Terre de Liens Île-de-France renforce son action sur le volet biodiversité, en accueillant une stagiaire dédiée, Candice Lescop, pour une durée de quatre mois (mars à août). Elle ira à la rencontre des fermiers et fermières et d’autres acteurs en lien avec la mise en place de pratiques agricoles favorisant la biodiversité.
Dans cette ferme de 125 ha (dont 63.5 ha appartiennent à Terre de Liens), Rémi cultive des céréales transformées en farine dans son moulin sur meule de pierre, et des oléagineux transformés en huiles « première pression à froid » ; Claire cultive 2 ha de plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM) qu’elle transforme en huiles essentielles, en eaux florales et en hydrolats ; Colin a rejoint la ferme depuis le printemps 2023 et pratique sur 2 ha du maraîchage sur sol vivant.
Une première plantation en 2014-2015
Rémi et Claire avaient à cœur de développer l’agroforesterie, convaincus de ses multiples intérêts. La première plantation - 1700 arbres et 3800 arbustes sur une parcelle de 38 ha - a eu lieu en 2014- 2015. Le paysage s’est transformé : « C’est très beau maintenant, très agréable, les voisins aussi sont contents !» dit Rémi. Il y a beaucoup plus d’animaux, des lièvres, des oiseaux, des passereaux plus particulièrement. Les terres ont gagné en stabilité ; et Claire, par ailleurs ingénieure en écologie microbienne, pilote actuellement un programme sur la disponibilité du phosphore, soutenu financièrement par l’AESN [Agence de l’eau Seine Normandie] et à laquelle une équipe d’Inrae [Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement] est associée.
Un nouveau projet d’agroforesterie doublé d’un programme pionnier en matière de drainage
Il concerne une autre partie de la ferme (85 ha de grandes cultures, 2 ha de PPAM et 2 ha maraîchage) actuellement équipée d’un système de drainage souterrain -pratique très répandue dans le bassin parisien en raison de la nature de son sol et de sa topographie -, mais qui présente l’inconvénient d’un lessivage de nutriments solubles et de limons, venant polluer les cours d’eau.
De plus, le drainage souterrain est incompatible avec l’agroforesterie, en raison du risque de bouchage des drains par les racines. Et dans cette parcelle, les drains étaient déjà détériorés en raison des racines d’arbres préexistants mais aussi des racines de cultures, provoquant l’apparition de mouillères, rendant impossible tout semis d’hiver.
Installer des noues
Un réseau de drainage superficiel est ainsi prévu, avec des rigoles (les noues) placées tous les 90 m et légèrement en pente, permettant un ruissellement des eaux excédentaires vers des fossés collecteurs puis les cours d’eau.
Les haies seront placées à 45 m de part et d’autre des noues. ll est prévu de les planter en double-rang de 3 à 5 m de large, permettant d’optimiser la stratification de la haie. Ce maillage d’arbres contribuera aussi à l’infiltration de l’eau.
Le choix des essences
Elles ont été choisies en fonction du contexte pédoclimatique de la ferme, mais aussi de leur intérêt pour la biodiversité (arbustes tels la viorne obier, le cornouiller sanguin, le sureau noir, le fusain d’Europe ou le troène commun), pour la production de bois-énergie (saule blanc, aulne glutineux, érable champêtre, noisetier, charme, saule marsault, frêne), la production de bois-nutriments (BRF) et pour compléter la gamme de végétaux utiles à l’activité de Claire (fleurs d’acacia, de tilleul, de sureau, feuilles de cassis…) Et ces haies contribueront aussi à la continuité écologique avec les forêts et parcs voisins.
Ce nouveau projet débute cette année et se poursuivra jusqu’en 2026. L’Agence de l’Eau Seine-Normandie est partie prenante et participe au financement de ce projet qui constitue pour la région Ile de France un projet pilote au regard de la destination des haies vers le bois-énergie !
Pour en savoir plus sur le programme national Biodiversité de la Fondation Terre de Liens qui comporte bien d’autres volets –travailler sur la biodiversité fonctionnelle, favoriser les communautés d’échanges entre paysans, se rapprocher des acteurs de la protection de l’environnement, former et impliquer les bénévoles, construire un plaidoyer - rendez-vous sur le centre de ressources de Terre de Liens, où vous trouverez une page dédiée à ce programme.
Voir aussi : http://lafabriquevegetale.fr
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