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Bruxelles détricote la PAC : La sécurité par les armes ne résoudra rien à l'insécurité alimentaire

Publié le 18 juillet 2025 , mis à jour le 15 octobre 2025

Hans Lucas_MBERTRAND

La Commission européenne a dévoilé hier sa première proposition de budget pour l’Union européenne 2028–2034, accompagnée de ses orientations pour la future Politique Agricole Commune (PAC). Pour Terre de Liens, c’est une nouvelle sidérante : avec un budget en baisse de 20 %, la seule vraie politique commune de l’UE est vidée de sa substance. Un renoncement historique, aux conséquences graves pour l’avenir de notre agriculture, de notre souveraineté alimentaire et de nos territoires ruraux.

Une PAC de moins en moins “commune”

Le projet présenté s’oriente vers une renationalisation des politiques agricoles, livrant les décisions à l’arbitrage des États membres. Dans les faits, cela conduit souvent à un nivellement par le bas des ambitions environnementales et sociales, au détriment des petites fermes et des paysan·nes engagé·es dans des pratiques durables. En effet, le seul budget agricole sanctuarisé par la Commission européenne est celui des soutiens au revenu versés proportionnellement à la surface des fermes, et qui s’est révélé favoriser l’agriculture industrielle depuis deux décennies.

Une transition écologique rayée d'un trait de plume

La PAC sera intégrée dans un budget global, regroupant plusieurs politiques sectorielles (énergie, industrie, défense…) sans enveloppe réservée spécifiquement à l’agriculture. Cette fusion laisse craindre un effondrement des moyens pour les mesures agroécologiques et de revitalisation des campagnes, déjà sous-dotées aujourd’hui. Les aides plus environnementales, comme celles liées à Natura 2000 (un réseau d’aires protégées créées par les États membres de l'Union européenne) ou à la conversion en agriculture biologique, pourraient être très facilement rayées d’un trait de plume, surtout dans un contexte de retour de bâton sur l'écologie, et où le budget de l’UE est orienté massivement vers l'armement. Le deuxième pilier de la PAC, qui concerne les aides au développement rural, risque d’être le grand perdant de cette nouvelle architecture.

Un modèle productiviste toujours favorisé

La logique de paiement à l’hectare reste la règle, favorisant l’agrandissement des exploitations, l’accaparement des terres et l’industrialisation des pratiques agricoles.

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Trop souvent, ces subventions profitent à des firmes agricoles qui remplacent les paysan·nes par des salarié·es précaires et épuisent les ressources naturelles.

Terre de Liens et ses partenaires européens d’Access to Land réclament une réforme structurelle : un plafonnement strict des aides proportionnellement au nombre d’agriculteur·rices par ferme, et une redéfinition claire des bénéficiaires des aides, réservées aux actifs agricoles travaillant effectivement sur les terres.

À rebours des alertes sur la crise du renouvellement des générations, de notre souveraineté alimentaire réduite à une chimère politique et de l’urgence climatique, l’Union européenne tourne le dos à une politique agricole au service du bien commun.
Tanguy MARTIN

Chargé de plaidoyer de Terre de Liens

Ce recul ne peut rester sans réponse, alors que le budget de la Défense est, lui, multiplié par 5. La sécurité par les armes ne résoudra rien à l'insécurité alimentaire. Terre de Liens appelle les institutions européennes, les États membres et les citoyen·nes à se mobiliser pour une Politique agricole et alimentaire commune refondée, juste et écologique, qui garantisse à la fois le revenu des paysan·nes, la transition des pratiques agricoles et le droit à l’alimentation pour toutes et tous.

Courdeau Clara

Attachée de presse

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