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Réforme de la PAC : sans débat, ni climat

Publié le 24 avril 2024 , mis à jour le 24 avril 2024

© Paul Melki / Unsplash

La “simplification” : quel meilleur mot pour qualifier une politique qui fait fi de l’urgence écologique et sociale pour satisfaire les velléités populistes ? Le Parlement européen a voté ce 24 avril une réforme de la PAC qui s’empresse de répondre aux demandes de l’agrobusiness : une liberté toujours plus grande pour des pratiques toujours plus destructrices.

Une PAC à rebours de l’histoire

Le Parlement européen vient d’adopter les mesures proposées par la Commission, qui ressemblent davantage à un agenda climatosceptique qu’à une réforme agricole :

  • Jachères : ces zones « non productives » qui permettent de préserver la biodiversité des champs - utile à l’agriculture, seront pratiquées sur la base du volontariat (BCAE 8)
  • Rotation des cultures : elle est remplacée par la seule diversification (BCAE 7). La rotation est pourtant essentielle pour lutter contre les maladies et limiter l’usage de produits phytosanitaires (source).
  • Prairies permanentes : finie leur préservation, place à la destruction des puits de carbone qu’elles constituent pour dérouler le tapis rouge aux cultures intensives de céréales (BCAE 1)
  • Travail des sols et couverture durant les périodes sensibles : moins d’obligations, davantage de flexibilité.
  • Épisodes climatiques extrêmes : ils donnent droit à toujours plus de dérogations, peu importe si leur fréquence et intensité toucheront toujours plus durement les systèmes agricoles qui refusent de transformer leurs pratiques pour protéger la biodiversité.

La PAC ne doit pas être simplifiée mais redistribuée

L’Europe retentit encore de la colère et des appels à l’aide des agriculteur·trices : leur revenu est insuffisant. Si les revendications de la FNSEA étouffent la voix des agriculteur·trices, nombre d’entre elles et eux ne demandent non pas une simplification, mais un soutien financier, technique et moral pour engager un changement de pratiques. La PAC assurant aujourd’hui 60% de ce revenu agricole, si elle doit être réformée c’est sur ses mécanismes d’attribution : les aides devraient être attribuées à l’actif plutôt qu’au nombre d’hectares, et favoriser l’installation ou maintien dans des systèmes agroécologiques, plus résistants aux épisodes climatiques extrêmes.

Une réforme anti-démocratique

Pas d’étude d’impact, une consultation qui n’en a que le nom, la moitié des organisations paysannes non écoutées, des dispositions balayées en un après-midi quand leur négociation avait pris des mois… les élu·es des Verts ont eu beau proposer un débat en amont du vote sur cette révision de la PAC la veille, une majorité d'eurodéputé·es en a décidé autrement : si le revenu des agriculteur·trices peut attendre, “l’assouplissement” de la PAC était lui visiblement trop urgent.
La viabilité de la planète pour l’espèce humaine n’est plus assurée tant notre environnement est mis à mal par nos pratiques. En France comme en Europe, l’agriculture est face à un tournant tant l’érosion des sols et de la biodiversité est avancée (en attestent ces rapports européens, ici et ici). Pourtant, à l’échelle européenne, les élus abaissent sans cesse les protections environnementales tandis qu’en France, le gouvernement, dans une loi censée agir pour le renouvellement des générations agricoles, propose de faciliter la destruction des haies, l’accaparement de l’eau et la financiarisation des terres agricoles .

Les élections européennes de juin prochain exigent un sursaut face aux attaques combinées de l’agro-industrie et des populistes : l’Europe doit fournir une politique agricole commune à la hauteur de l’urgence écologique et sociale, où partage des terres et protection du vivant permettent d’inventer une agriculture à même de s’adapter et d’atténuer le dérèglement climatique.

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