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Actualités
Publié le 29 juin 2023 , mis à jour le 17 août 2023
Résultats du changement climatique, les épisodes de sécheresse se multiplient et s’accentuent partout dans le monde. Alors que l’agriculture est le secteur le plus consommateur d’eau (70 % de la consommation mondiale), comment peut-elle s’adapter à cette nouvelle donne ? Car il n’y a pas d’agriculture sans eau…
L’année 2022 aura marqué les esprits par l’ampleur de la sécheresse. Un phénomène qualifié d’exceptionnel, touchant des territoires habituellement épargnés, et régnant encore, sans discontinuité, dans plusieurs départements français au printemps 2023. Début avril, 75 % des nappes phréatiques étaient en-deçà de leur niveau habituel, avec des niveaux bas à très bas selon le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), qui assure la surveillance du niveau des nappes phréatiques et de la qualité des eaux souterraines en France.
Les scientifiques nous alertent : la sécheresse doit être traitée comme un phénomène durable et qui va s’intensifier. La gestion de crise et les restrictions d’eau sont en train de devenir la norme. Nos systèmes agricoles sont adaptés aux sécheresses normales mais pas aux sécheresses extrêmes, longues et répétées.
Coordinatrice biodiversité
Nos fermes sont également soumises à d’autres aléas climatiques. Car, le changement climatique n’engendre pas que des sécheresses mais génère une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes : gel, vents violents, orages, grêle, inondations… C’est tout le cycle de l’eau qui est perturbé, nous allons vers quelque chose de nouveau et d’instable. Fini les années de référence et les saisons marquées !
Les impacts sur l’agriculture sont multiples : changement de la phénologie des végétaux (cycle de vie en fonction des saisons), avancement des calendriers culturaux et risque accru de dommages liés aux gelées tardives, risque d’échaudage (arrêt du développement des plantes), stagnation, voire baisse des rendements, augmentation de la pression des ravageurs, maladies, impacts sur la qualité nutritive des aliments, baisse du confort animal…
Alors, comment l’agriculture peut-elle s’adapter à cette irrégularité et à ces extrêmes climatiques ? Est-ce que la solution est de construire des méga-bassines partout ?
Les méga-bassines ne seront pas LA solution aux problèmes climatiques car l’adaptation de l’agriculture aux effets du changement climatique constitue en réalité une stratégie de long terme et pose le défi de produire avec moins d’eau. Pour cela, nous ne pouvons pas compter sur des solutions à court terme, il faut une vision globale.
Ainsi, pour des fermes résilientes et adaptées au changement climatique à long terme, et face à des trajectoires d’adaptation à +2/+4°C, il va nous falloir regarder de près l’état de nos sols et ne plus les considérer seulement comme un support mais comme une ressource dont la bonne santé, la vie biologique et la fertilité sont indispensables aux cultures, il va nous falloir revenir à des semences paysannes, variétés et races rustiques plus adaptées aux contraintes climatiques de demain, il va nous falloir redonner de la place au vivant dans nos champs en restaurant ou en plantant des haies, en recréant des espaces non cultivés pour accueillir la biodiversité…
C’est la science qui le dit : les exploitations en agroécologie sont plus résilientes pour faire face aux impacts du changement climatique. Alors pourquoi tout le monde ne s’y met pas ?
Résultats d’un projet de recherche sur le sujet, des chercheurs de l’INRAe (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) ont constaté que les agriculteurs adoptent souvent une approche de court terme, pour survivre et générer un revenu. La mise en place d’actions d’adaptation ne constitue pas toujours une possibilité immédiate, tant ils se trouvent souvent confrontés à des enjeux de production. Alors, ils modifient une variable : date de semences, calendrier de pâturage, optimisation de l’irrigation, stockage de l’eau. Mais ce ne sont pas des solutions pérennes pour faire face à une trajectoire de +2/+4 degrés.
Il faut les comprendre : certains se sentent démunis face à l’ampleur du changement et les conseillers agricoles qui les accompagnent ne sont pas encore pleinement formés à cette nouvelle donne. Alors, peu osent des évolutions réellement transformantes.
Chez Terre de Liens, nous avons décidé d’accompagner nos fermier·ières dans cette logique de long terme. Depuis 2022, le Programme Biodiversité permet de soutenir les actions favorables au vivant dans les fermes Terre de Liens comme des diagnostics pour mieux connaître la biodiversité présente sur la ferme, la création ou restauration de haies, de mares, la construction de nichoirs… Ces actions permettent de favoriser la biodiversité, de préserver les ressources naturelles et donc à nos fermes d’être plus résilientes face aux effets du changement climatique.
44 fermes sont déjà accompagnées ! Comme la ferme de la Chaudeau, sur laquelle un diagnostic a été réalisé pour identifier les espèces clés présentent sur la ferme et des actions mises en place pour les accueillir : construction de nichoirs et perchoirs, plantations de haies…
C’est toujours intéressant de connaître la biodiversité sur la ferme et d’avoir des recommandations de spécialistes pour savoir quels sont les auxiliaires de culture et comment les accueillir. Cette année, nous avons mis en œuvre ces préconisations. L’amélioration de la biodiversité est indispensable au vu de mon système : agriculteur bio, sans aucun intrant.
Ferme de la Chaudeau, Lorraine
D’ici 2024, Terre de Liens va également lancer un programme d’adaptation au changement climatique avec des fermier·es volontaires sur des fermes pilotes. Ce programme s’articulera en deux temps :
Des temps collectifs seront aussi organisés à l’échelle locale, avec des productions et des conditions sol/climat similaires, pour permettre la mise en mouvement de communautés de paysan·es.
Autre bénéfice attendu : toutes les solutions envisagées ont l’avantage de réduire les émissions de gaz à effet de serre. S’adapter est nécessaire, mais il nous faut aussi penser à la manière de réduire la contribution de l’agriculture à ces dérèglements climatiques, pour ne pas accentuer la tendance !
Cette nouvelle mission pour Terre de Liens est ardue car il existe peu d'expertise sur l'adaptation de nos systèmes de production en France. Peu d'agriculteurs et de techniciens agricoles sont formés. Nous souhaitons prendre les devants et faire de nos fermes des lieux d'expérimentation et d'échange pour relever ensemble ce défi !
Coordinatrice biodiversité
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